Portrait du jour : Laurent KOESSLER " Maginot les rescapés -L'épopée des annexés lorrains"

Réactualisation portrait du jour Laurent Koessler Auteur

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Laurent Koessler Auteur

Auteur originaire de Lorraine, Laurent KOESSLER entame une collaboration avec les éditions parisiennes Abordables, de laquelle naîtra son premier roman feel good, "Les Piaillements du Bonheur" en 2018. S'en suivra un thriller irlandais sur fond d'amitié "Les vautours d'Ohara" en 2019, puis "Le bonheur m'a murmuré son secret".

L'année 2022 marque un tournant avec la publication de son premier roman historique, "Envers et Malgré nous" une intrigue contemporaine dans le contexte des Malgré nous, les enrôlés de force des territoires annexés par l'armée d'Hitler. Cette signature avec les éditions francophone JOURDAN, spécialisées dans le domaine, est le fruit d'un travail en collaboration avec Nicolas Mengus, docteur en histoire.

Bienvenue Laurent sur le très prisé et discret Culture et justice

Interview de Laurent KOESSLER

Auteur de « Envers et Malgré Nous », l’incroyable destinée de Louis Weber, Français enrôlé de force dans l’armée d’Hitler – Éditions JOURDAN

Peux-tu te présenter brièvement ?

Je suis né à Forbach en Lorraine.

Après une première partie d’existence consacrée au judo pratiqué à haut-niveau, puis à son enseignement, j’ai fait une reconversion dans la fonction publique. Cette transition entre le sport intense et cette nouvelle voie professionnelle, a correspondu au moment où je me suis lancé dans l’écriture.

Je suis marié, père de trois enfants et je vis aujourd’hui dans l’agglomération lyonnaise.

Pourquoi l’écriture à ce moment précis de ta vie ?

Contrairement à certaines idées reçues, nombreux sont les sportifs qui manifestent un intérêt pour l’écriture ou d’autres entreprises artistiques. Notamment pour s’investir autrement que sur leurs habituels terrains d’expression. Pour ce qui me concerne, et si je devais analyser pourquoi ce moment plus qu’un autre, le temps m’a permis de comprendre que de la rugosité des tatamis, à l’exigence de l’écriture, il n’y avait qu’un pas à franchir. En arrêtant le haut-niveau, j’ai ressenti le besoin de trouver un nouveau exutoire dans lequel je puisse relever des challenges, repousser mes limites et voir jusqu’où je pouvais aller. En partant de zéro, comme la ceinture blanche que j’ai été il y a de cela une paire d’années.

L’écriture d’un roman comme un combat de judo ? C’est ce que tu veux dire ?

Beau parallèle ! Symboliquement, mais aussi plus factuellement, dominer un adversaire ou achever un manuscrit, c’est être capable de reproduire des combinaisons techniques, développer une intelligence d’approche, être endurant, tacticien, faire preuve d’obstination. Donc oui, entre les deux il y a beaucoup de similitudes qui tendent à expliquer ma démarche.

« Envers et Malgré Nous », ton premier roman historique, vient d’être publié aux éditions Jourdan.

Peux tu nous dire un mot de ton travail avec cet éditeur ?

La richesse de cette collaboration me permet d’affirmer combien il est important de s’accrocher à ses ambitions, quand on s’en donne les moyens, et combien il importe de trouver un éditeur en accord avec votre travail. Les équipes Jourdan, éditeur francophone basé en Belgique et à Paris, m’ont permis d’affiner mon roman, en ne laissant aucune place à l’approximation. Professionnalisme, dynamisme, sens de l’humain. Une distribution et une diffusion de premier plan. Bref, tous les ingrédients allant dans le sens d’une relation où chacun y trouve son intérêt.

Pourquoi avoir choisi ce sujet des Malgré Nous ?

Originaire de Moselle, j’ai souvent entendu parler de cette page tragique qui a profondément marqué les populations locales. Pour m’être entretenu de cette thématique avec beaucoup de personnes, je me suis aperçu que les Malgré Nous n’étaient que très peu connus dans le reste de la France. En me documentant davantage sur la question, j’ai réalisé combien ces enrôlés contraints ont vécu des destinées hors du commun. Ceci d’autant plus dans un territoire annexé, distinction importante quand on pense que l’Alsace et la Moselle sont les deux seules régions françaises à avoir subi le totalitarisme hitlérien de l’intérieur.

Concernant les références, les faits évoqués, comment as-tu validé l’aspect technique en n’étant pas historien de profession ?

Grâce à ma collaboration avec un spécialiste parmi les plus reconnus : Nicolas Mengus, docteur en histoire, spécialiste de l’incorporation de force, président du site « Malgré Nous ». Une fois mon manuscrit achevé, il a accepté de le relire pour apporter son analyse concernant la partie historiographique. S’en est suivi une relation de travail qui a permis de verrouiller les sources et références, de la chronologie, à la cohérence des faits. Nicolas Mengus a symboliquement scellé sa généreuse contribution par l’écriture de la préface de l’ouvrage.

Peux tu nous dresser une rapide synthèse de ton roman ?

Étienne Weber est un jeune journaliste lyonnais qui a toujours noué une relation très complice avec Louis, son grand-père. Le jour où il apprend que ce dernier a combattu « volontairement » dans l’armée d’Hitler, il le renie. Au décès de son aïeul, Étienne apprend qu’il est destinataire d’un manuscrit rédigé par ce dernier à son intention. Ce témoignage, il va accepter de le découvrir chez Jean et Solange, un couple d’anciens amis à Louis, dans un village de l’est de la France. Une immersion, qui va être l’occasion pour Étienne de découvrir la tragédie des Malgré Nous, ces enrôlés de force, Alsaciens et Mosellans, mais également Louis qui va étirer le récit de son existence, de sa naissance, jusqu’à la guerre. Les spécificités d’un territoire marqué par les différentes annexions, mais aussi le quotidien d’hommes et de femmes au cœur de cet entre deux guerres sulfureux, va confronter Étienne à toute une série de conscientisations qui vont progressivement détricoter la thèse du grand-père collabo. Jusqu’à une spectaculaire révélation qui va l’ébranler.

Et au niveau du rythme ? Du ton donné au roman ?

La dynamique repose sur un dosage entre passé et présent. Pour donner au lecteur la possibilité de se poser la question : « Et si c’était moi ? Et si je m’étais retrouvé face à la nécessité d’entrer dans les rangs de l’occupant au risque de finir dans un peloton d’exécution. Et de condamner mes proches par la même occasion ». Ceci par l’alternance entre le récit de Louis, et le retour sur Étienne que l’on retrouve dans ses analyses immédiates. Les émotions sont d’autant plus transposables au lecteur qui a le temps de sortir la tête de l’eau pour réfléchir à tout cela.

Pour ce qui est du ton, on est clairement dans le nuancé. Le gris, plutôt que le noir ou le blanc. Aucune orientation. Simplement des faits confortés par des bases vérifiées et référencées.

Les premiers retours sont-ils à la hauteur de tes attentes ?

En toute objectivité, je ne m’attendais pas à un tel afflux de critiques positives. Les premières chroniques de blogueurs n’ont pas tari d’éloges, mettant en avant la fine alchimie entre l’intrigue et les données historiques qui s’incorporent naturellement au récit. Le plus réjouissant, c’est quand mes lecteurs évoquent la profusion de sentiments générés par mes personnages, leur caractère très attachant, et la capacité de l’intrigue à vous captiver du début à la fin. Bref, la dynamique insufflée est très excitante.

L’autre tendance qui ressort unanimement, c’est que le contexte historique ne prend pas le dessus sur la trame et les personnages.

Le départ d’une belle aventure en quelque sorte ?

Du moment que le plaisir est au rendez-vous, et que le lecteur y trouve son compte, je suis déjà ravi. Alors si en plus, comme c’est le cas depuis la publication, mon roman génère de beaux échanges, et contribue à rendre hommage à ces malheureux otages de l’Histoire, c’est simplement formidable. N’oublions pas les « Malgré elles » et les familles des enrôlés, qu’il convient d’associer à ces pages noires. J’ai pris le soin de ne pas les oublier.

Cet ouvrage est une invitation à découvrir l'épopée des jeunes joueurs de football de l'équipe d'Audun-le-Tiche déracinés pour appréhender, d'une tout autre façon, l'histoire de la Moselle déracinée. C'était il y a plus de quatre-vingts ans. En 1939-1940, plusieurs centaines de milliers de Mosellans étaient jetés sur les routes par une guerre dont l'horreur devait durablement marquer le monde entier.Ce faisant, des solidarités fortes se sont tissées entre les déracinés et les habitants des villes et villages de près de 48 départements français qui les ont accueillis. Aujourd'hui encore, les évacués, les expulsés, les accueillants et leurs héritiers entretiennent des liens bien vivants. Ces amitiés font partie intégrante de la mémoire mosellane de la Seconde Guerre mondiale.

Nouvelle collaboration littéraire avec LA GESTE éditions et la publication en mars 2024 d'un roman consacré à l'exode des annexés lorrains. Une fiction tirée d'une histoire vraie, celle des joueurs de l'équipe de football dite du hameau, une des plus facinantes épopées sportives de l'Occupation.

Date de parution 07/03/2024

Editeur Geste

Collection Recits Extraordinaires

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Relecture et mise en page Ph.