Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, nous vous proposons de remonter le temps un peu plus loin que d’habitude. Vous savez que la période que nous couvrons est circonscrite du XXème siècle à nos jours et qu’il est rare que nous remontions même à la IIIème République. Nous faisons avec cette émission, et quelques autres dans l’année, une exception à la règle, en explorant le XVIIIème siècle. Et nous vous racontons l’un des faits divers les plus remarquables de cette époque : l’histoire de la Bête du Gévaudan.
Pendant trois ans, dans cette région montagneuse à l’Ouest de l’actuelle Lozère, des dizaines de personnes, en grande majorité des enfants et des femmes, sont dévorées par quelque chose que, dans la région, puis dans le pays, puis dans l’Europe entière et jusqu’aux Etats-Unis, on appelle la “Bête du Gévaudan”. L’horreur du carnage, dans cette contrée éloignée, mais aussi le développement de la presse et des feuilletons médiatiques, font de ce fait divers un traumatisme transmis de générations en générations sur plusieurs siècles, jusqu’à nos jours.
Pourtant, ces attaques ne sont pas les plus cruelles de l’histoire de notre pays. Ailleurs, et à d’autres époques, des loups ont tué plus et pendant plus longtemps. Seulement, la Bête du Gévaudan, elle, sévit à une époque où les hommes ne conçoivent plus de se faire manger par des bêtes sauvages. Cette histoire n’a pas lieu au Moyen-Âge. Elle se déroule dans les années 1760, vingt ans avant la Révolution, en plein siècle des Lumières. C’est un événement à contre-courant d’une époque, celle dont nous héritons, qui place les hommes au-dessus de la nature. Pendant trois ans, dans le Gévaudan, la “Bête qui mange le monde”, c’est comme ça qu’on l’appelle, renverse la hiérarchie. Les hommes, prédateurs, deviennent soudain des proies.
Un récit documentaire de Romain Weber
Invité :
L'historien Jean-Marc Moriceau, professeur à l'université de Caen. Il a publié en 2021 chez Tallandier : La Bête du Gévaudan. Mythes et réalités...
La Bête qui mange le monde : Gévaudan, 1764
Aujourd'hui dans Affaires Sensibles, la Bête qui mange le monde : Gévaudan 1764