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Illustration issue de "La France maritime. T. 1" fondée et dirigée par Amédée Gréhan, 1852-1853 -

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France,

département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-LH6-9 (A,1)

 

De 1809 à 1814, jusqu’à 15 000 soldats de Napoléon faits prisonniers par les Espagnols sont abandonnés sur une île des Baléares, Cabrera. Ce bout de caillou, stérile et inhospitalier, devient le tombeau de nombreux soldats qui succombent à la faim, à la soif et aux maladies. 

 

 

Avec
 
  • Isabelle Bes Hoghton - Enseignante-chercheuse à l'Université des Îles Baléares et romancière sous le nom d'Elisa Sebbel
  • François Houdecek - Responsable des projets spéciaux à la Fondation Napoléon
  • Frédéric Lemaire - Archéologue à l'INRAP, docteur en histoire et en archéologie
  •  

Direction les Baléares, loin des sites touristiques, sur l'île de Cabrera. Comme toujours, avant de partir en voyage, quelques conseils de lecture : Les prisonniers de Cabrera, souvenirs d'un corporal de GrenadiersMémoire d'un conscrit de 1808, les prisonniers de Cabrera, ou encore Évasion et enlèvement de prisonniers français de l'île de Cabrera. Et puis, pour aller plus loin, un titre un peu long : Trois ans de séjour en Espagne, dans l'intérieur du pays, sur les pontons, à Cadix, et dans l'île de Cabreraaccompagnés D'une relation intéressante et inédite du sort des prisonniers français pendant leur détention à Cadix et dans l'île de Cabrera. Partons à la recherche des soldats perdus de Napoléon sur une île-prison des Baléares.

Une prison à ciel ouvert

Après la défaite de Bailén en juillet 1808, plusieurs milliers de soldats de Napoléon sont enfermés sur des navires transformés en prisons flottantes dans le port de Cadix. Craignant des épidémies, les autorités locales déportent plus de cinq mille soldats sur l'île de Cabrera, un caillou stérile au large de Majorque. "Les Espagnols avaient également peur que l'armée de Napoléon, qui descendait en Catalogne, vienne libérer ses soldats. Il fallait les envoyer hors de la péninsule", ajoute Isabelle Bes Hoghton, enseignante-chercheuse à l'Université des Îles Baléares.

La survie au quotidien

L'île d'à peine 15 km² se transforme en un véritable enfer : la chaleur accablante, le manque d’eau et de nourriture, font des ravages parmi les captifs. "Les Espagnols ont conçu Cabrera comme une prison à ciel ouvert qu'ils ravitailleraient. Les puissances captatrices [devaient] prendre soin des soldats, selon les accords tacites entre belligérants", précise François Houdecek, responsable des projets spéciaux à la Fondation Napoléon. Toutefois, les choses ne se passent pas comme prévu et le ravitaillement de l'île-prison passe à la trappe. "Dès qu'une tempête se prolonge, on se dit que les gens sur Cabrera peuvent attendre quelques jours. [Cela entraîne] des famines terribles", raconte l'historien. Contraints à la survie, certains captifs sont réduits au cannibalisme pour échapper à la famine.

Des personnels civils sont également présents sur l'île, et plus particulièrement des femmes, cantinières ou vivandières de l'armée napoléonienne. "Elles servaient d'infirmières à Cabrera. Elles avaient à peine un peu d'acide sulfurique à mélanger à de l'eau pour aider les malades", rapporte Isabelle Bes Hoghton, qui signe un roman de cette histoire, La Prisonnière de la mer (Le Livre de poche, 2021), sous le nom d'Elisa Sebbel. Face à la pénurie des ressources, "les femmes ont été vendues aux officiers. Elles ont vécu l'enfer de la traite des femmes", ajoute l'écrivaine.

Faire parler les sous-sols de Cabrera grâce à l'archéologie

Les captifs ne sont que 3 400 survivants à revenir en France. Alors que certains ont ensuite livré leur témoignage sur ces années terribles, une équipe d’archéologues fouille aujourd’hui les sous-sols de Cabrera pour confronter les sources écrites et matérielles. "On a localisé le cimetière des captifs, qu'ils surnommaient 'la vallée des morts' et des recherches ont commencé l'exploration", explique Frédéric Lemaire, qui mène la mission archéologique "Isla Cabrera". L'équipe d'archéologues est confrontée aux nouvelles contraintes du terrain : "Aujourd'hui, l'île est couverte de garrigue et de pinèdes, ce qui n'était pas le cas il y a deux siècles. Nous avons donc des difficultés d'accès aux vestiges", rapporte l'archéologue. "De surcroît, l'île est une réserve naturelle, avec des contraintes de préservation. [...] Il faut y aller par touche." ...

Par Xavier Mauduit. Du lundi au vendredi, "Le Cours de l'histoire" remet au goût du jour le récit de l'histoire, réservant un traitement à toutes ses occurrences dans l'espace public comme dans les productions culturelles, tout en restant très attentif à l'actualité de la recherche..

Tag(s) : #Prisons anciennes, #Repères Consulat et 1er Empire, #Histoire - Documentaires
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