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Menacé, brûlé, copié : quelle est l'histoire trouble du Père Noël ? ©Getty - Bettmann

 

La légende du Père Noël n'est pas si féerique qu'elle n'y paraît. Malgré sa bonhomie et son sourire communicatif, cette figure populaire a longtemps été rejetée en France. Vainqueur de cette bataille culturelle, les États-Unis ont réussi à importer le quasi monopole de ce Père sur la fête de Noël.

Le Père Noël avec son air bonhomme, son embonpoint et son costume clinquant ne serait qu’une chimère. C’est d’ailleurs pour cette raison que le clergé a résisté, parfois de manière spectaculaire à ses apparitions dans les traditionnelles fêtes de fin d’année.

Au début des années 1950, Claude Lévi-Strauss se réjouit, un fait divers lui permet d’observer les controverses qui font rage autour de l’apparition d’un rite, l’ethnologie est au coin de la rue : le 23 décembre 1951, une effigie du Père Noël a été brûlée sur le parvis de la cathédrale de Dijon. "Ce n'est pas tous les jours, écrit-il dans Les Temps modernes, que l'ethnologue trouve ainsi l'occasion d'observer, dans sa propre société, la croissance subite d'un rite, et même d'un culte". L’exécution n’a pas eu lieu à l’abri des regards, mais en des enfants des patronages. C’est une cérémonie contre l’hérésie qui se joue là, le clergé a condamné les représentations du Père Noël qui rivalisent avec le sens catholique de ces fêtes : la célébration de la naissance du Christ. Un communiqué très solennel a été publié pour accompagner le geste de cette condamnation exubérante : "Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. A la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l'enfant et n'est en aucune façon une méthode d'éducation".

Parce que ce Père Noël à barbe blanche et costume rouge qui annonce son arrivée en sonnant les cloches après avoir garé son traîneau et ses reines à proximité d’une cheminée est une importation qui n’a pas encore trouvé toute sa place.

Une figure hybride qui emprunte à de nombreuses traditions.

 

Ces traditions s'agglomèrent en un joyeux syncrétisme. À commencer par l'influence des États-Unis dont la culture et les subventions irriguent l’Europe occidentale du plan Marshall pour la reconstruction d’après-guerre et la détourner de ce qui pourrait faire sens du côté de l’Union soviétique : "c'est d'outre-Atlantique que viennent les sapins illuminés, les papiers d'emballage historiés, les cartes de vœux à vignette, les quêtes de l'Armée du salut comme les personnages déguisés en Père Noël dans les magasins" comme le rappelle Jacques Berlioz dans un article consacré à cette affaire. On pourrait aussi y ajouter les chants de Noël et la postérité réactivée à chaque fin d’année de Bing Crosby, Franck Sinatra et Mariah Carey.

Les origines bien plus tortueuses de ce Père Noël qui vient du froid.

 

Le sapin de Noël s’est installé comme un incontournable depuis le XIXe siècle tandis que la bûche est héritée du Moyen Age. Si la synthèse américaine rencontre un succès fracassant, il a des origines ancestrales : du roi des Saturnales de la Rome antique, au Saint Nicolas alsacien, il a fallu pour étendre le récit chrétien à l’ensemble de l’année recouvrir toutes les festivités anciennes pour s’en assurer le monopole.

Ces "fêtes païennes qui se déroulaient à la fin du mois de décembre pour célébrer le solstice et la renaissance de la nature. Et qui, depuis l'Antiquité, offrent les mêmes traits : décoration des lieux de culte avec des plantes vertes ; échange de cadeaux ; gaîté et festins ; fraternisation entre pauvres et riches".

Après tout Jésus peut bien partager son anniversaire avec d’autres convives venus pour de tout autres raisons.

Bonne fête de fin d’année à toutes et à tous !

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Tag(s) : #Les incontournables de Culture et justice
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