Portrait du jour : Déborah Romain-Delacour, docteure en psychologie et conférencière

Portrait du jour Déborah Romain-Delacour

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Déborah Romain-Delacour

Déborah Romain-Delacour est docteure en psychologie et conférencière. Après quinze années d'expérience sur des postes d'encadrement dans les champs de la formation et de l'accompagnement, elle exerce aujourd'hui son métier de psychologue en libéral. Photo © Mikael Delacour

Bienvenue Déborah  sur le très prisé et discret Culture et justice

Nunchi , connectez-vous aux autres de Déborah Romain-Delacour et Jimin Lee

Le Nunchi est connu en France depuis le film d’Éric Lartigau, Je suis là, dans lequel Alain Chabat jouait un Français à la poursuite d’une histoire sur les réseaux sociaux. Si le Nunchi nous apparait récent, c’est une philosophie millénaire très connue et pratiquée en Corée. Nunchi peut se traduire littéralement par « mesure oculaire » , l’art d’écouter et de ressentir votre interlocuteur. Loin d’être une énième pratique de développement personnel, le Nunchi est une volonté de considérer autrui avec attention, de le traiter comme on souhaiterait l’être. De cette interaction nait l’harmonie. Psychologue du travail et Docteur en psychologie sociale, Déborah romain-Delacour est intriguée à la lecture d’un article sur le Nunchi, en parle à sa belle-sœur d’origine Corréenne, Jimin Lee, et décident d’écrire un livre pour partager leur connaissance sur le sujet.

Rencontre avec Déborah Romain-Delacour. Interwiew réalisée par Christian Dorsan

Comment s’est passée votre rencontre avec Jimin Lee ?

J’ai rencontré Jimin il y a plusieurs années, lors d’une fête familiale. Elle est ma belle-sœur, la compagne du deuxième frère de mon mari. Un jour, je découvre un article sur le concept du Nunchi. En tant que psychologue, je suis tout de suite attirée par cette thématique. Quelque temps plus tard, j’ai l’idée d’écrire une tribune RH sur le sujet. Pour l’enrichir, je fais appel à Jimin. Nous passons de longues heures à discuter, à réfléchir et à écrire. La tribune est trop courte, on a encore beaucoup de choses à dire sur le sujet. Rapidement, l’idée d’un livre voit le jour. Nous écrivons le projet et nous nous lançons dans un long parcours semé d’embûches pour trouver un éditeur. La suite vous la connaissez.

Le Nunchi, une énième méthode pour aller mieux ? Qu’en pensez-vous ?

Le livre est centré sur l’idée que prendre soin de soi est essentiel pour pouvoir prendre soin des autres. Il est important de considérer les besoins implicites de son interlocuteur pour construire des relations harmonieuses. Comment développer des relations interpersonnelles positives ? Voici la question à laquelle répond ce livre. C’est un ouvrage sur l’harmonie, individuelle et sociale.

Pouvez-vous nous expliquer cette méthode ?

Le Nunchi est un art de vivre coréen qui régule les interactions sociales en Corée du Sud depuis cinq mille ans. Ce mot signifie mesure de l'œil. C’est savoir comprendre les autres en observant, en regardant chaque détail. On n’a pas de terme équivalent en français, mais on pourrait dire que c’est le savoir-vivre, le savoir-être, l’empathie, le tact… Agir avec Nunchi c’est être attentif aux autres, faire en sorte qu’ils se sentent à l’aise. Pour cela, il y a trois questions que l’on doit toujours avoir à l’esprit, avant de prendre la parole. Si j’étais à la place de mon interlocuteur, qu’est-ce-que je ferai ? Est-ce que ce que je vais dire peut blesser mon interlocuteur ? Est-ce que le sujet est intéressant pour lui ? Est-ce qu’il est approprié ? Pour pouvoir penser à ces questions, il est essentiel d’apprendre à marquer une petite pause avant de réagir lors d’une conversation. On n’y arrive pas toujours. Parfois, nos émotions prennent le dessus. Mais on peut le travailler. Si on prend l’habitude de garder ces trois questions à l’esprit et d’y répondre mentalement avant d’interagir, alors progressivement, on construit de meilleures relations avec les autres.

Une pratique accessible à tous ?

Oui, car le Nunchi est une compétence socio-émotionnelle qui s’apprend. Nous pouvons donc le développer avec des petits efforts quotidiens. L’idée c’est de s’inscrire dans une dynamique d’amélioration continue. Travailler sur son attention est très important. Cela nous permet d’améliorer notre flexibilité réactionnelle, ce temps de latence qui existe entre le moment où notre interlocuteur s’exprime et celui où nous lui répondons. Nous pouvons agrandir cet espace et cela augmente la qualité de notre écoute. Nous pouvons aussi observer davantage. Les gestes, les expressions, l’environnement. Cela nous permet d’agir en pensant davantage aux autres, à leurs besoins implicites en décryptant ce qui n’est pas directement exprimé. En développant tous notre Nunchi, nous pourrons mieux dialoguer, créer des liens, et vivre en harmonie.

Dans notre quotidien, nous sommes confrontés de plus en plus aux rapports de force en pensant que c’est la norme du relationnel, et cette confrontation est source de conflit, de frustration et d’agressivité. Si le Nunchi ne prétend pas résoudre les problèmes de notre époque, il peut être une base de réflexion sur notre bien-être.

Nunchi : connectez-vous aux autres de Déborah Romain-Delacour et Jimin Lee Editions Eyrolles 17 € avril 2024

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Relecture et mise en page Ph.