Mais, depuis cinquante ans, de nouveaux documents sont apparus et les travaux se sont multipliés, souvent liés à l'élargissement du regard des historiens sur les structures politiques, juridiques et financières comme sur les relations du politique et de l'économique. Le temps semblait venu de faire le point. L'imagerie romantique a ancré le souvenir de l'homme au chapeau constellé de médailles pieuses, du captif de Péronne, du visiteur cynique de ses prisonniers en cage, du démolisseur de l'état bourguignon.
On connaît l'enfance difficile du fils du " roi de Bourges ", et la dramatique impatience d'un héritier qui se lasse d'attendre le pouvoir. Le portrait a de longtemps été fait du roi sournois qui se déguise en bourgeois pour écouter aux carrefours. On ne saurait nier les ombres, qui sont celles du temps. Louis XI n'a inventé ni la cruauté ni la duplicité. Il précède de peu Machiavel et annonce Richelieu.
Car, si les moyens sont ceux du temps, les objectifs sont étonnamment modernes. Il faut assurer l'indépendance, politique aussi bien qu'économique, de la France en Europe, et affermir la souveraineté du pouvoir royal et la force de l'État face à la haute féodalité. L'homme est stupéfiant, aussi bavard que méfiant, ne cessant de dicter des lettres que pour entretenir des ambassadeurs et aussi pour traquer le cerf et le sanglier.
Informé de tout, il prend lui-même les grandes comme les petites décisions. Il ne cesse de faire la guerre, ou de financer pour que les autres la fassent, et de rêver d'une paix qu'à la fin il réalise aussi bien en France qu'en Italie. Il n'aura voulu qu'être le premier serviteur de la Couronne. Faire son métier de roi.
Louis XI de
Paul Murray Kendall
France Loisirs 1977
Résumé de "Louis XI" de Paul Murray Kendall
L'histoire de Louis XI, c'est l'histoire d'un homme qui sut imposer aux autres ses décisions, qui dut garder sans cesse l'esprit en éveil, plier le temps à ses desseins, être deux fois plus habile et trois plus rapide que ses semblables, et cacher toujours son sens de la comédie derrière les gestes du conformisme.
Adolescent sans ressources, il se rebelle contre le monde : souverain tout puissant, il amène le monde à se rebeller
contre lui.
Sur sa vie, sur son caractère, nous disposons de nombreux témoignages. De la masse de documents que Paul Murray
Kendall a passé plusieurs années à étudier ressort l'image d'un homme aux capacités exceptionnelles, doué d'une personnalité extraordinairement diverse et complexe.
Ses ennemis l'appelèrent, non sans raisons, " l'universelle araigne ", et les ambassadeurs milanais, qui se
jugeaient plus fins que tout ce qui venait de l'autre versant des Alpes, le considéraient comme " le plus subtil qui soit ".
Pourtant, moins d'une génération après sa mort, on racontait qu'il s'abreuvait du sang des nouveaux-nés au cours de sa
dernière maladie, qu'il était l'assassin de son frère, et qu'il se délectait à écouter les cris de ses victimes torturées.
En abandonnant la légende pour retrouver la vie, on découvre les vraies dimensions de l'homme, son habileté à charmer,
son insatiable curiosité, son goût de la loyauté.
Tout cela, Paul Murray Kendall nous le révèle dans une biographie qui apporte une contribution essentielle à l'histoire
du XVe siècle tout en demeurant un livre d'une lecture à la fois facile et passionnante.
Le succès du livre de Paul Murray Kendall a aidé les Français à se faire une idée plus juste, plus positive de l'un des plus grands rois qui ont façonné leur pays et l'Europe entière : sa traduction a permis d'en finir avec des clichés remontant au XIX e siècle et qui ont longtemps entravé la recherche.