Trente ans dans la police de Lausanne : mémoires de Marius Augsburger

Document 2006 - Il y a tout juste un siècle, dans le Lausanne des petites rues basses qu'au soir tombant n'éclairait plus que la lueur sourde des becs de gaz, nos grands-pères pouvaient apercevoir un homme à la forte carrure, à la nuque puissante et rentrée dans les épaules, aux jambes courtes et légèrement arquées et qui levait de temps à autre sur les passants un regard scrutateur... C'était Traclette, Augsburger pour l'état civil, ancien sous-chef de la Sûreté vaudoise, celui qui arrêtait tous les criminels et les voleurs...

C'était l'époque ou Lausanne comptait de grouillantes colonies italiennes et russes, une population itinérante nombreuse, des étudiants farceurs et bambocheurs, l'époque de la Mère Boule de Suif et du Père Martin. Dans ce Lausanne-là, on ne connaissait pas encore les méthodes policières scientifiques modernes. On ignorait la valeur des empreintes digitales. Les réactions chimiques et photographiques étaient réduites à leur plus simple expression.

Seul le flair des limiers de la police, leurs intuitions, leurs incessants contacts avec la pègre citadine donnaient des résultats probants, il n'en fallait pas plus pour qu'autour de l'homme qui réunissait toutes ces qualités, se créât une légende et qu'il devint, au prix d'efforts ignorés, de démarches souvent dangereuses et mettant en péril sa vie et sa réputation, une sorte de héros. Ses "aventures" sont dignes des meilleurs feuilletons policiers.

• Les courts extraits de livres : 09/06/2009

Ceci est un livre de bonne foi. - Je ne suis pas écrivain et pourtant, si je prends la plume, c'est qu'il m'a paru que je pouvais intéresser, par ces récits authentiques, plus d'un lecteur.

Les plus anciens, ceux qui connurent les années de 1870 à 1920, qui connurent le Lausanne d'il y a 40 ans, le Lausanne des becs de gaz, des colonies italiennes de la rue du Pré, le Lausanne des Etudiants farceurs, bambocheurs, incorrigibles, le Lausanne des petites rues, le Lausanne de la Mère et du Père Martin liront ces pages avec plaisir, je le présume, parce qu'ils retrouveront dans ces aventures vraies et vécues, des souvenirs de ces temps et de tragiques histoires qu'ils n'ont connues que de loin et dont ils n'avaient que des données inexactes ou romancées.

Les plus jeunes, ceux qui connaissent les méthodes perfectionnées de la Police moderne prendront également intérêt à ce livre parce que, par comparaison, ils pourront voir comment la Police d'alors, avec des moyens restreints et souvent primitifs mais directs, arrivait à protéger une Cité contre le crime et le vol et à purger une ville qui grandissait de jour en jour, des mécréants de tous crins qui y trouvaient asile. - Ils y verront les efforts des policiers pour assurer cette sécurité sur laquelle repose tout entier l'avenir d'un grand centre. Cette sécurité, condition première qui permit bel et bien l'épanouissement de notre bonne ville de Lausanne que nous aimons tous et que nous voulons toujours plus grande. - Ils y verront l'énergie dépensée par nos braves gens de la Police, le travail harassant qui leur était demandé pour suppléer aux moyens scientifiques qu'on possède de nos jours, l'initiative merveilleuse, le flair dont ils firent preuve.

Ah ! ce n'était pas des journées de 8 heures que nous fournissions alors, mais bien de 18 à 20 heures, des semaines de 130 à 140 heures de labeur, labeur acharné, de veilles, de filatures, de stationnements, par tous les temps et dans toutes les saisons.

Auteur : Marius Augsburger

Préface : Nicolas Quinche

Date de saisie : 13/11/2006

Genre : Biographies, mémoires, correspondances...

Éditeur : Slatkine, Genève, Suisse

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