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Portrait du jour : Jean-Luc Kérébel, directeur des Editions Cairn. Le mot fleure bon l’Écosse, la terre et la pierre... mais aussi le papier"

Reprise du portrait du jour criminocorpus - En attendant de publier ce portrait du jour dans la nouvelle version "Culture et Justice" de l'association Criminocorpus, nous mettons en ligne celui de Jean-Luc Kerebel  sur mon blog personnel

Né le 6 janvier 1961 à Saint-Renan (Bretagne). Marié. Deux enfants .

Études : diplôme de l’IUT des métiers du livre, maîtrise de sciences de l’éducation et de sciences politiques.

Carrière : libraire à Talence (1986–1991) ; adjoint de direction à l’Espace culturel du centre Leclerc de Pau (1992–1992) ; collaborateur de J & D éditions (1992–1997) ; cofondateur des éditions du Quai Rouge (1995–2002) et patron des éditions Cairn depuis 1997. Contact :  rue des Bruyères dans la ZI Berlanne, à Morlaas -  Tél : 05 59 27 45 61.

Bienvenue Jean-Luc dans le cercle très prisé et discret des amis de "Culture et Justice"

C’est notre ami  Yves Carchon, “le romancier séducteur du Lauragais” qui a procédé à l’interview de Jean-Luc Kérébel.  Ph P

https://www.facebook.com/yves.carchon

https://www.facebook.com/jeanluc.kerebel.1

 

 

Yves Carchon : Bonjour Jean-Luc Kérébel. Comme vous le savez-vous,  Philippe Poisson est à l’origine de cette courte interview, l’idée étant de donner la parole à un éditeur dans "Culture et Justice"… Etes-vous prêt à affronter le flux de mes questions ?

Jean-Luc Kérébel : Oui. Et bonjour à tous.

Y.C : Bien. Comment devient-on éditeur ?

J.L.K : En ce qui me concerne, j’ai toujours voulu travailler dans le livre. Issu d’un milieu extrêmement populaire, la culture livresque, cinématographique, ce que Bourdieu appelle le capital culturel n’existait pas du tout chez moi. J’ai découvert par hasard, quand j’avais une douzaine d’années, en me rendant chez un ami, qu’il avait une bibliothèque pleine de livres. A chaque fois que je me rendais chez lui je lui en empruntais. Ce n’était pas forcément de la grande littérature, c’était Le Club des cinq, Le clan des sept, ce type d’ouvrages… mais j’ai découvert le plaisir de la lecture et j’ai compris aussi, au-delà de ce plaisir que le livre serait ma planche de salut, mon ascenseur social… qu’il me permettrait en effet de sortir de ma condition. Après le bac, je me suis inscrit à l’IUT Métiers du livre puis en pour suivant mes études, notamment une maitrise en sciences politiques, je faisais mes missions dans des librairies. Je suis devenue libraire, librairie Georges à Talence (5 ans, puis Espace Culturel Leclerc à Pau (qui est le plus gros Espace Culturel Leclerc de France). J’ai été très heureux dans ce métier de libraire mais, ayant plein de projets de livres en tête, j’avais envie de passer de l’autre côté de la barrière. J’ai eu la chance de trouver un poste d’éditeur salarié, à Biarritz aux Editions Atlantica, où en artisan, j’ai appris sur le tas, le métier d’éditeur. Au bout de quelques années, j’ai eu la folie, la prétention, l’envie de créer ma maison d’édition. Je suis resté dans le domaine que j’avais appris à connaitre et à aimer chez Atlantica, les ouvrages en lien avec l’Histoire, la mémoire, la culture du Sud-Ouest.

Y.C : Depuis quand êtes-vous éditeur ?

J.L.K : J’ai créé les Editions Cairn en 1997.

Y.C : Pouvez-vous nous présenter rapidement votre catalogue et vos différentes collections ?

J.L.K : Comme je l’ai dit plus haut, j’ai souhaité créer un catalogue cohérent autour de l’Histoire, de la culture et du patrimoine des Pyrénées et du Sud-ouest. Notre tropisme, le Sud-Ouest (soit un quadrilatère allant de l’estuaire de la Gironde au Nord-Ouest au Périgord au Nord-est et allant au sud, du pays Basque au Languedoc, avec les Pyrénées comme limite et terrain de jeux). Cela couvre un spectre assez large allant de l’Histoire (plutôt une Histoire populaire que celle des seigneurs, discipline à laquelle nous consacrons plusieurs collections, l’anthropologie, l’ethnologie, la découverte des territoires formant le Sud-Ouest, les Pyrénées (sous l’angle sportif – Guide de rando, Topo d’escalades- historique, ethnographique…), le sport… Est arrivé en 2014, la collection Du Noir au Sud  collection de romans policiers ancrés sur le territoire (Des polars AOC Sud-Ouest pour reprendre un slogan inventé par un libraire). Cette collection est cohérente avec le reste du catalogue car le polar est une autre façon, plus ludique, plus facile peut-être de parler du territoire.

Y.C : Quels sont vos liens avec les libraires ?

J.L.K : Depuis l’origine, le modèle économique de CAIRN repose sur le fait que nous maitrisons toute la chaine du livre, depuis la mise en page des livres dans notre atelier graphique jusqu’à la commercialisation en librairie. C’est le nerf de la guerre. Jusqu’à une date récente, j’étais le seul commercial de la maison (nous avons désormais deux agents commerciaux). Je crois pouvoir dire que je connais tous les libraires, tous les points de vente de livres sur notre territoire. Cela permet de créer des vrais liens avec les libraires et de pouvoir imposer nos titres.

Y. C : Etant sur Criminocorpus, pouvez-vous nous présenter plus précisément la collection polars  Du Noir au Sud qui semble rassembler de plus en plus d’adeptes ?

J.L.K : Le concept de cette collection est simple. Je n’ai rien inventé. Je me suis contenté de reproduire un modèle qui existe depuis fort longtemps en Bretagne (Le breton que je suis a toujours été impressionné par le dynamisme des éditeurs polars bretons : Bargaing, Palémon…). Genre qui existe ailleurs, dans le Nord, à Marseille (Jigal)…  Cette collection est ouverte à des primo romanciers. Il n’y a pas de genre prédéfini, cela peut-être aussi bien le roman noir, le polar social, le thriller…  La condition pour y entrer, outre le fait que le texte soit bien écrit, que l’intrigue se passe pour tout ou partie quelque part dans le sud-ouest. Nous préférons que les auteurs demeurent également sur le territoire, ne serait-ce que parce que, pour que leurs livres existent dans un univers où la production est pléthorique, il est utile que les auteurs accompagnent la sortie de leurs livres par des signatures, des rencontres en librairies, de la présence sur des salons…

Y.C : Etes-vous ou avez-vous été amateur de polars ?

J.L.K : J’ai découvert vers 18-20 ans les auteurs américains : David Goodis notamment, Dashiell Hammett, Chester Himes, Raymond Chandler…. Puis j’ai découvert Léo Malet et le néo-polar, Jean-Pierre Manchette et avec lui Jean-Bernard Pouy, Daniel Daeninckx, Thierry Jonquet, Patrick Raynal… la collection le poulpe (je suis ravi d’avoir pu en rééditer quelques-uns). Je continue à lire du polar, ma préférence allant au polar social. Il y a beaucoup d’auteurs français qui excelle dans ce domaine.  Je suis un fan absolu de Didier Daeninckx, mais je pourrais citer Hervé Le Corre, Caryl Ferrey …

Y.C : Le statut d’éditeur en région vous permet-il une proximité plus grande avec vos auteurs ?

J.L.K : Franchement, je ne sais pas.

Y.C : Etes-vous un éditeur heureux ?

J.L.K : Oui, mille fois oui, c’est un métier qui tourne parfois au sacerdoce. J’y consacre beaucoup de temps et d’énergie mais je suis porté par les projets. Rien ne me ravit plus que de pouvoir transcender un projet, un manuscrit qui m’a plu en livre. Quand je regarde le catalogue que nous avons construit au cours de ces quelque 20 années - plus de 600 titres publiés - j’ai l’impression que toute cette énergie n’a pas été vaine.

Y.C : Merci, Jean-Luc Kérébel. Je vous laisse le soin de conclure…

J.L.K : Il me faut saluer le directeur de la collection Du Noir au Sud, Gilbert Nogues. C’est également lui qui crée les couvertures. Le succès de la collection tient aussi au graphisme de la collection, qui compte à ce jour plus de cent titres…

https://www.facebook.com/art.djebel

 

 

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... 

Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

https://www.facebook.com/pageculturejustice

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

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Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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