Réactualisation - Culture et Justice reçoit avec infiniment de plaisir Philippe Cuisset, l'auteur de Zacharie Blondel voleur de poules .
Zacharie Blondel, voleur de poules est son premier roman publié. Ce texte a pour but d’illustrer la parole de Jim Harrison : « La responsabilité de l’écrivain, c’est de donner une voix à ceux qui n’en ont pas. »
Philippe Cuisset a effectué quatre années d’intérim après le bac par correspondance accroché de justesse et une scolarité un peu chaotique.
Il a repris tardivement des études de lettres et soutenu une thèse en 1993 à Reims (direction Michel Picard)
Enseigne le français à Reims en lycée depuis.
Il a écrit deux autres romans achevés, plus contemporains et toujours centrés sur des figures de perdants (une prostituée mexicaine vieillissante, un adolescent « sans histoire » et tueur de masse.)
Engagement depuis deux ans auprès des demandeurs d’asile et formation d’un orchestre amateur « les vagabonds » constitués de deux musiciens albanais réfugiés et d’une chanteuse également bénévole et militante.
https://www.facebook.com/vagabondsreims/?ref=bookmarks
Parmi les livres qui le marquent toujours le plus et qu'il découvre sans cesse, il mentionne le Journal de Kafka, les livres de John Fante, et a une grande admiration pour l’épure et la force des œuvre d’Erri de Luca.
Bienvenue sur le très discret et prisé Culture et justice . Ph.P.
Zacharie Blondel, voleur de poules. (interview)
Question - Philippe Cuisset, vous publiez chez Kyklos Zacharie Blondel, voleur de poules. Pouvez-vous présenter ce livre ?
Réponse - Ce roman retrace la relégation d'un véritable bagnard, Charles Zacharie Blondel, pour être précis.
Question - Les figures de bagnards sont pourtant omniprésentes en littérature, Jean Valjean bien sûr, Vautrin ou encore le Florent de Zola, sans compter les déportés célèbres, Dreyfus, Seznec...
Réponse - Ce qui m'a intéressé chez Zacharie, c'est précisément la dimension presque dérisoire du personnage. Un simple matricule, le 1782, absolument oublié aux antipodes. Mon livre voulait être, en somme, une façon d'exhumer un cadavre dissimulé dans un vieux placard.
Q- Quelles ont été les raisons qui vous ont amené à choisir ce sujet ?
R- J'ai rencontré des descendants de Zacharie. Ils avaient constitué un dossier généalogique, assez précis et semblaient sincèrement émus par son destin. L'idée de reprendre la plume me taraudait un peu depuis un moment, j'ai sauté sur l'occasion.
Q - Pas d'autres motivations ?
R - Si. Il y eu aussi une forme d'exutoire. Les « honnêtes gens » de cette IIIe République, ces décideurs qui prétendaient être des « gens de bien » parce qu'il en avaient du bien, me semblaient être les fantômes de l'actuelle classe dominante. J'ai écrit ce livre avec une espèce de colère sourde, projetée dans le passé, mais je visais, non pas des ombres anciennes, mais des figures actuelles.
Q - le roman est écrit au présent, c'est pour cette même raison ?
R - Peut-être, je ne sais pas trop. L'utilisation du présent s'est imposée comme une évidence.
Q - La part historique et documentaire a été importante dans votre travail ?
R - Oui très. Avant de commencer l'écriture, j'ai passé au moins une année à lire les récits des Communards, puis des études historiques, notamment la remarquable thèse de Louis-José Barbançon , j'ai observé des centaines de croquis, cartes postales...et de tout cela il ressort une violence absolue de ce système pénitentiaire.
Q - Pourtant dans votre note d'auteur, vous revendiquez une espèce de droit à l'erreur...
R - Pas exactement. Je voulais remettre l'imagination au premier plan. Il n'y avait aucun intérêt à illustrer ce que les historiens ont dévoilé. J'ai essayé de retranscrire une réalité sous-jacente, celle que seul le vrai Zacharie Blondel a connu et enduré. En fait l'Île des Pins est un condensé de toutes les colonies pénitentiaires, un condensé ou une simple parcelle d'une répression qui se mondialise, c'est Guantanamo, les prisons syriennes, les centres de rétention.
Q - On peut vraiment aller aussi loin dans ce parallèle ?
R - Peut-être bien. Au nom de la morale, la IIIe République déclarait ouvertement la guerre aux pauvres. Les démocraties de nos jours dérapent dangereusement et tendent à se raidir face à cette nouvelle armée potentiellement dangereuse. Dans ce pays des voix politiques s'élèvent et réclament la réouverture du bagne !
Q -Vous avez d'autres projets d'écriture ?
R -J'ai fini depuis deux autres romans sur des problématiques plus contemporaines et essayant toujours d'explorer les interstices, les zones un peu sombres."
Bien que Miranda soit essentiellement une héroïne de papier ou l’ombre indécise de quelques souvenirs vagues, je l’ai croisée au cours de l’automne 2017 à Reims sur un camp de réfugiés et de demandeurs d’asile.
Miranda n’est qu’une des innombrables figures de l’abandon qui s’échouent sur les plages, s’épuisent au pied de murs fraîchement érigés, disparaissent sur le fil ininterrompu de l’exil avant de mourir dans les mascarades savantes des études statistiques. M’est-elle apparue dès le début sous la forme d’un squelette ? Je l’ignore, mais il fallait bien que quelqu’un songe un jour à lui rendre un peu de sa chair.
Un roman qui outrepasse l'histoire de sa propre héroïne.
Parution le 30 octobre 2020
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