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Nouveau portrait du jour Michèle Tajan

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs  et reçoit avec infiniment de plaisir Michèle Tajan

Après avoir enseigné la philosophie, été peintre et critique d'art, Michèle Tajan se consacre aujourd'hui à l'écriture. Elle vit et travaille dans les Hautes-Pyrénées.

Bienvenue Michèle sur le très prisé et discret  Culture et justice

Portrait du jour : 

"Un itinéraire…

Évidemment il faudrait commencer par le début… C’est si loin, qu’on se contentera d’un rapide survol de l’enfance et de l’adolescence : une naissance à Paris dans les années de l’après-guerre, des parents d’origine modeste mais purs produits de la méritocratie républicaine, et qui accordaient une place prépondérante à l’éducation et à la réussite scolaire. De ce côté-là ça a plutôt bien marché. Études secondaires dans les Hautes-Pyrénées où la famille est venue s’installer, puis études supérieures de philosophie, de sciences humaines et d’histoire de l’Art, à Paris et à Toulouse. J’ai toujours vécu entourée de livres mais je ne pensais pas encore à l’écriture, sinon comme à un horizon lointain ; je rêvais de théâtre et de peinture… Ce fut la philosophie, le professorat – un premier poste à Dakar – et la remise à plus tard de mes ambitions artistiques. Finalement j’ai bien aimé l’enseignement, et j’ai adoré l’Afrique où j’ai pu poursuivre des recherches en sciences humaines. Je continuais à peindre. J’écrivais des textes sur la peinture.

Retour en France, après dix ans de pérégrinations en Afrique de l’Ouest, et un poste en classes de Terminale et de BTS à Tarbes. Et la peinture, toujours, des moments volés entre les cours à préparer et les copies à corriger. Ça ne pouvait pas durer. Alors un jour j’ai pris mon courage à deux mains, mes cartons à dessins, quelques photos de mes « œuvres », et le train pour Paris. Et là, Bingo ! Non pas la gloire (faut pas exagérer), mais la chance de trouver une (bonne) galeriste qui s’est intéressée à mon travail. Puis d’autres ; et des expositions qui s’enchaînent, quelques critiques qui en parlent ; l’amitié de l’un d’entre eux qui me propose de collaborer occasionnellement à la revue d’art qu’il dirige. J’écris des articles, des préfaces de catalogues. Cela ne relève pas encore de la création littéraire mais cela réveille le goût et l’envie d’écrire autre chose. Peut-être était-ce le bon moment… Peut-être avais-je atteint ce stade où l’on a l’impression d’avoir été jusqu’au bout de ses moyens dans un domaine particulier et où l’on ne peut plus que se répéter. Quoi qu’il en soit, j’ai troqué les brosses et les pinceaux pour le bic et l’ordinateur. À ce jour, trois romans et un recueil de nouvelles (1) édités chez CAIRN. Mais pas dans la remarquable collection Du noir au sud. Eh non ! Je n’écris pas de polars. J’en lis, certes et j’ai quelques collègues qui excellent dans le genre, mais moi je ne sais pas faire. Parfois il m’arrive de tourner autour, ainsi dans les nouvelles qui sont souvent très noires. Mais mon ignorance des arcanes policiers et judiciaires me rendent inapte à la traque de l’assassin et à la poursuite d’enquêtes criminelles crédibles. Du coup, et bien que vous me sembliez avoir des choix très éclectiques, je me demande si j’ai vraiment ma place dans les pages de Culture et Justice.

Quoique… Ce sont bien des enquêtes que je mène dans chacun de mes livres. Pour résoudre le mystère d’une disparition, d’un suicide, d’un silence qui pèse sur plusieurs générations. En ce sens écrire un roman c’est poursuivre l’éducation du regard qui s’exerce dans la peinture. La peinture ne copie pas, elle invente pour mieux voir et mieux comprendre. Et on invente une fiction pour essayer de déchiffrer ce qui se joue dans un fait divers, dans le fond des consciences et les bas-fonds des familles, dans les séquelles laissées par l’histoire Il ne s’agit pas seulement de raconter une histoire (même si… et tant qu’à faire il vaut mieux quelle soit intéressante et tienne le lecteur en haleine), mais de défricher une sorte de géographie de l’intime. Là où la vérité ne cesse de se dérober et de se reconstruire : le lieu de l’écriture, par excellence, comme un champ d’exploration sans limites.

Eh bien voilà, je suis arrivée au bout : de l’itinéraire qui m’a conduite à devenir sinon écrivaine du moins autrice ; et de mes orientations littéraires (encore susceptibles d’évoluer). Je ne sais si cela vous conviendra, mais je suis à votre disposition pour toutes informations complémentaires que vous jugeriez utiles.

Bien à vous,

Michèle Tajan."

(1) Le petit cagot, roman. Éd. Cairn, 2016.

Anna ou l’oubli, roman. Éd. Cairn, 2019.

Dérapages, nouvelles. Éd. Cairn / Latitude Sud, 2019.

La chute de la Maison Lacaze. Éd. Cairn / Latitude Sud, 2021.

 

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page Ph.P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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