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Nouveau portrait du jour Marieke Aucante
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Marieke Aucante
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Marieke Aucante - Ancienne journaliste de télévision, Marieke Aucante écrit, depuis l’âge de vingt ans, dans sa maison en arbres au coeur de la forêt solognote. Elle plonge au coeur de la vie de ses personnages en nous faisant partager leurs passions et leurs rêves. Dans un univers littéraire très éclectique, on retrouve son attachement à la question du handicap pour laquelle elle est engagée et qui lui a valu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur. Elle est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages dont Le livre du braconnier et Petit frère l’orage chez Albin Michel. Félixine, l’abeille noire de Sologne, est son premier livre jeunesse.
Bienvenue Marieke sur le très discret et prisé Culture et justice
Portrait de Marieke Aucante
Interviewée par Jean Michel Sieklucki – auteur et ami
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JMS : Avant d’évoquer votre œuvre littéraire particulièrement riche, j’aimerais que vous me parliez de vos origines solognotes. Vous, votre mari, votre fils semblez ancrés très fortement dans ce pays chargé d’histoire.
MA : J’ai eu la chance de grandir dans une famille de paysans solognots éclairés (mon père, mon grand-père et ma grand-mère lisaient et parlaient de l’actualité !) En 1972, J’ai rencontré à l’université mon mari, Pierre Aucante, originaire de Neung-sur-Beuvron (une famille d’intellectuels !) Il nous a construit une maison en arbres, (Pins d’Autriche) dans la forêt qu’avait plantée mon grand-père à Yvoy-le-Marron. Mon fils Nils, après une vie professionnelle intense durant 7 ans aux USA, a repris la ferme familiale de Saint-Marc pour y faire de l’apiculture. J’ai les racines d’un chêne bicentenaire !
JMS : Vous avez commencé à écrire très jeune, me semble-t-il, comment ce goût vous est-il venu ?
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MA : A 14 ans, seule à la ferme, je m’ennuyais beaucoup, j’ai commencé à écrire un journal pour me confier. J’écrivais des petites histoires à l’eau de rose qui prouvent (je les ai retrouvées récemment) mon envie de m’évader dans un ailleurs que j’imaginais enchanteur. J’ai publié mon premier livre chez Flammarion à 29 ans.
JMS : Parlez-nous d’une expérience humaine assez incroyable quand vous allez très jeune, vivre en Algérie plusieurs mois et dont vous tirez un livre. Vous n’aviez peur de rien, non ?
MA : Dans les années 1970, avec mon mari Pierre nous avons fait des voyages et des rencontres insensées en Afrique du Nord. Nous avons traversé deux fois le désert saharien. J’ai obtenu un poste de professeur de Français à Mostaganem en Algérie pendant 2 ans (dans le même lycée que Pierre, prof de physique-chimie). L’année d’après, je suis retournée seule à Ghardaïa pour vivre avec des femmes que j’avais rencontrées lors de mon premier voyage.
Elles ne sortaient pas de leur maison. Pendant 4 mois, j’ai vécu avec elles les évènements fondateurs de la vie d’une famille : naissance, mariage, enterrement. J’ai beaucoup appris d’elles et mon livre écrit au retour, « l’âge de l’ombre », a été publié chez Flammarion et réclamé par d’autres grands éditeurs !
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A l’époque, je n’avais effectivement peur de rien, je ne referais pas ce genre de choses, le monde étant de plus en plus fermé et les voyages risqués.
JMS : Vous avez écrit plus de 20 livres, celui qui vous a le plus marqué, ne serait-il pas « Petit frère l’orage », édité chez Albin Michel qui vous a valu un grand succès ? Pouvez-vous nous parler de ce livre et de votre engagement auprès des personnes en situation de handicap qui vous a valu d’être promue chevalier de la Légion d’Honneur en 2008 ?
MA : Mon petit frère Denis, de 6 ans mon cadet, handicapé mental puis physique, m’a donné la force de m’engager auprès des personnes différentes en réalisant des films sur le handicap, avec toujours le même objectif : que le regard vis-à-vis des personnes en situation de handicap soit plus inclusif et respectueux (Respectes-tu-eux ?) Après la mort de Denis en 2009, je n’ai pas eu le choix de l’écriture, je voulais vivre deux fois la vie avec mon petit frère et raconter son histoire s’est imposé. Sa vie me semble aussi intéressante que celle de tout un chacun. Lorsque j’ai reçu les insignes de chevalier de la légion d’honneur, j’ai pu partager cette distinction avec lui. Il était avec nous pour profiter de la cérémonie, j’avais l’impression qu’il recevait aussi cette médaille prestigieuse tellement inattendue.
JMS : Pendant cette carrière d’écrivain qui dure toujours, vous exercez la profession de journaliste à France Télévisions. Qu’y faites-vous exactement et quel souvenir en gardez-vous ?
MA : J’ai commencé mon métier de journaliste en 1975 au Journal de Mickey ! Puis, grâce à mon livre « Le braconnage, 1000 ans de chasse clandestine » en 1983, j’ai tourné dans un documentaire avec Igor Barrère qui m’a dit que j’étais vraiment faite pour la télé et je l’ai cru ! J’ai travaillé pour France3 dans les régions, puis France 2 avec Claude Serillon (qui avait alors une émission en prime time : « Place Publique »). Pendant plus de 25 ans j’ai réalisé des reportages pour « D’un soleil à l’autre », « La ruée vers l’air » qui mettaient en valeur le monde rural. Ces émissions m’ont permis de rencontrer des personnes dynamiques qui valorisaient leur terroir, du Pays basque à Menton.
Enfin, dans les dix dernières années, j’ai eu la chance de travailler avec Marie Laure Augry, médiatrice du service public qui, dans « Votre télé et vous », faisait le lien entre les téléspectateurs et les journalistes.
La télévision est le royaume de l’éphémère, rien d’autre n’existe quand on le réalise et il n’existe déjà plus à la minute où il est diffusé.
Je me suis préservée en travaillant à mi-temps pour continuer d’écrire et, jusqu’en 2009, m’occuper de mon petit frère en Sologne.
JMS : Vos goûts littéraires s’avèrent assez éclectiques en définitive. Vous touchez à l’histoire mais aussi aux recettes de cuisine. C’est le grand écart, non ? Expliquez-nous ça !
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MA : J’écris une histoire parce que je rencontre une personne qui me touche particulièrement, je travaille au coup de foudre pour un personnage. Je ne suis pas une « productrice de livres », ce qui m’a pénalisée auprès des éditeurs qui voulaient que je travaille dans le même style. J’ai écrit « L’arbre de la liberté », réédité sous le titre « la chasse au braconnier » chez Lucien Souny parce que, lorsqu’avec Pierre nous avons publié « le livre du braconnier » chez Albin Michel, j’ai trouvé les archives judiciaires de Claude Montcharmont, un personnage haut en couleurs qui finit sous la guillotine après une vie sauvage en forêt du Morvan. Son histoire, liée à un texte de Victor Hugo, m’a passionnée.
J’ai écrit « Moi Augustin, prêtre martyr de la Révolution Française » parce que j’ai eu une révélation en visitant la petite église de l’île d’Aix.
J’ai fait émerger une histoire dont on ne parlait pas, je suis redevenue l’historienne conteuse, (malgré l’obtention d’un DEA d’histoire contemporaine à la Sorbonne sous la direction d’Alain Corbin, je m’étais éloignée de l’Histoire avec un grand H). Je me suis replongée dans les sombres années révolutionnaires à travers la vie d’un prêtre du Limousin.
J’ai écrit aussi « Pour un panier de morilles », vingt nouvelles gastronomiques, petites histoires qui seront rééditées et augmentées en juin sous le titre « Les succulentes » aux éditions de l’Andriague, avec une préface de Jean Marie Gautier, Meilleur Ouvrier de France, fils, lui aussi, de paysans de Valencay . Pierre et moi, avions travaillé avec lui pour « Entre terre et Océan », les recettes d’un chef à l’Hôtel du Palais de Biarritz, paru aux éditions Glénat.
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JMS : Je voudrais aussi que vous nous parliez d’un livre, qui à mon avis, n’a pas eu le succès qu’il mérite, c’est un roman d’une puissance rare : « Je viens de damas »
MA : « Je viens de Damas », m’est venu lors d’un retour en avion de Taiwan avec mon fils, suite à des rencontres extraordinaires qui m’ont bouleversées. J’ai la véritable sensation que Yasmine, 17 ans qui traverse à pied avec son petit frère différent tous ces pays pour aller en Angleterre suite à l’assassinat de ses parents à Damas, je la connais personnellement. J’ai écrit à la première personne pour être plus proche d’elle. Elle habite mes pensées depuis.
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JMS : Et puis, après 20 romans pour adulte vous vous lancez dans la littérature dite Jeunesse. Parlez-nous de l’aventure de Félixine.
MA : Vous avez raison de dire « dite jeunesse », car il faut travailler pour la jeunesse comme pour les adultes. Félixine, l’abeille noire, mon premier album m’est venu naturellement car ma petite fille Alina, à peine deux ans, vit au milieu des abeilles et j’ai eu envie de lui raconter cette histoire vraie et fascinante du monde des abeilles noires liées à la vie de l’homme. L’amitié avec Patricia, franco-Equatorienne m’a conduite à rencontrer une illustratrice de Quito, Catalina Pérez Camargo. Ensuite, j’ai fait la connaissance de personnes qui travaillent en famille à Edita, à Tours que j’ai pu voir plus souvent ! J’écris actuellement le deuxième volume des aventures fascinantes de Félixine, encouragée par une amie Axelle et mes lecteurs !
JMS : Pour terminer un mot sur l’avenir. Je suis sûr que vous n’en avez pas fini avec la littérature proprement dite, en plus de la suite de Felixine, parlez-nous de vos projets ?
MA : Après une période de repli, de vacuité, voire de désarroi, l’envie d’écrire me revient avec plus d’intensité encore. Je n’avais écrit que des débuts d’un roman que j’ai en tête depuis 40 ans, et je l’ai enfin achevé pendant le confinement ! « Fureur Atlantique » devrait paraître en Juin 2022.
JMS : Si on fait un rapide bilan, même si vous avez encore beaucoup à écrire, dites -moi ce que vous a apporté tant la lecture que l’écriture.
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MA : Sans l’écriture, je serais perdue. Dès que je n’écris plus je deviens nostalgique. Je lis sans cesse, j’écris beaucoup pour me sauver. Je vis avec mes personnages. En écrivant, je vis deux fois ou je vis dans l’ailleurs, un autre univers, comme j’en rêvais petite fille et que je regardais la chute d’un flocon de neige vers le sol en me demandant ce que je deviendrais quand je serais grande. Tout un chacun à sa façon, fait du mieux qu’il peut, ose des tentatives pour se rapprocher du monde réel et de soi-même, vous ne trouvez pas ? Notre vie est une sorte de brouillon semé de drames et de joies que nous essayons de parfaire, avec peu de chance d’y parvenir. Mais « il faut aller voir », disait Jacques Brel !
JMS : Merci, chère Marieke, pour ce tour d’horizon d’une vie riche, belle et intensément remplie.
Relecture et mise en page Ph.P et S.P.
Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.
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A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."
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"Je viens de Damas" de Marieke Aucante - Le blog de Philippe Poisson
A Damas, un soir de printemps, à l'heure où les roses exhalent leur parfum, une famille d'artisans de la soie est égorgée parce que chrétienne. Pour répondre à l'ultime demande de leur maman...
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Petit Frère l'Orage de Marieke Aucante - Le blog de Philippe Poisson
Mis au monde par un chirurgien incompétent, Denis est né " tout noir ". Il est atteint d'une encéphalopathie gravissime, qui va se doubler au fil des ans d'une hémiplégie, puis d'une épilepsi...
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Politique éditoriale de la page "Culture et justice" au 19 mars 2022 - Le blog de Philippe Poisson
Le carnet de recherche de Criminocorpus a été créé en 2008 sur la plateforme Hypotheses avec l'objectif de couvrir l'actualité de la recherche en histoire de la justice. Il s'est progressiveme...