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Une rubrique animée par Fatima de Castro  pour Culture et justice

Idée : Un doute raisonnable ?

Argumentaire : présenter mensuellement un fait-divers criminel ancien qui a laissé les contemporains dubitatifs. Soit que l’affaire n’ait jamais abouti ; soit qu’elle ait connu des remises en question tout au long de son déroulement ; soit qu’elle présente des étrangetés permettant par exemple d’opter pour l’accident ou la mort volontaire. Dans tous les cas, le doute doit nimber l’affaire.

But : donner les éléments à l’internaute pour qu’il se fasse sa propre idée et intervienne en donnant son point de vue s’il le souhaite.

LE CRIME NE PAIE PAS

Le blason de Calvimont

« Qui meurt, paie ses dettes », écrivait le grand Shakespeare. Certes, mais qui doit mourir pour cela, l’endetté ou le prêteur ? Telle est toute la question de l’affaire qui nous occupe ce mois-ci. Elle n’est pas anodine, cette question, et repose sur le triste sort que connut une innocente au 17e siècle. Une époque révolue, me direz-vous, et pourtant…

Pourtant Marguerite de Calvimont, dame de l’Herm, était la dernière descendante d’une famille dont les aïeux occupèrent des postes importants dans la magistrature. Le premier de la lignée était notaire pour le compte de la commanderie de Saint-Jean-de-Jérusalem. Les autres siégeaient comme conseillers au Parlement de Bordeaux. De quoi faire peur à toute âme sensée et retenir la main la plus imprudente, croit-on. Eh bien non, car il s’en trouve toujours une, d’âme, insensée au point de se croire intouchable.

Marguerite en fit la triste expérience. Elle épousa en secondes noces le sieur de Beauregard, François II d’Aubusson, écoutant en cela les conseils de sa mère qui s’en mordit les doigts. Deux épées de Damoclès pendaient au-dessus de sa tête : son époux était si endetté envers Marguerite qu’il ne pouvait plus la rembourser ; le même était tombé amoureux d’une autre, Marie de Hautefort, qu’il voulait épouser. Non, pas celle qui fit succomber Louis XIII, au doux surnom de « l’Aurore » ; une autre, beaucoup moins fleur bleue.

Lâche jusqu’au bout, François II d’Aubusson prit la décision facile d’éliminer Marguerite pour résoudre tous ces problèmes, mais il ne mit pas lui-même les mains autour du cou de sa femme. Après avoir congédié les serviteurs, après lui avoir fait signer un papier qui le rendait maître des possessions de Marguerite – car il gardait en tête l’essentiel -, François mandata un tiers pour étrangler l’épouse gênante.

Sitôt veuf, sitôt remarié à Marie de Hautefort qui ne fut pas en reste et suivit consciencieusement les méthodes peu catholiques de son cher et tendre. Ces deux esprits funestes s’étaient bel et bien rencontrés. À la mort de François, décédé en 1618 dans les geôles qui ont fini par le rattraper grâce à l’obstination de son ex belle-mère, Marie usa de la même radicalité pour rester maîtresse de l’Herm. Sans s’encombrer de moralité, elle envoya ses deux beaux-frères rejoindre un monde meilleur pour capter l’héritage et conserver le château. D’où cet autre adage ici bien tombé : Qui se ressemble…

Sources :

Les Calvimont, seigneurs de la Labenche, catalogue d’exposition, Brive, Musée Labenche d’art et d’histoire, 2011 ; Dominique et Marie Palué, « Le château de l’Herm, un voyage au cœur de l’histoire », Au cœur et à cœur de Rouffignac-Saint-Cervin, juillet 2018, p.5-8

Relecture et mise en page  Ph.P 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page  Ph.P

Tag(s) : #Fait-divers criminel ancien
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