Lacenaire, monstre affiché

Alors que la plupart des causes judiciaires s’enfouissent dans les pages jaunies des gazettes, d’autres restent ainsi flamboyantes dans les mémoires. Nous allons parler d’un criminel qui a atteint une notoriété hors de pair au début de la Monarchie de Juillet et dont l’image n’a pas cessé, depuis lors, d’inspirer gens de lettres et cinéastes. Nous allons parler de Pierre-François Lacenaire.

Il monta à l’échafaud pour être guillotiné un lundi matin, le 9 janvier 1836. Et on raconte qu’il se serait écrié : « Eh bien, voilà une semaine qui commence mal ! ». L’anecdote portant cet humour, qu’elle soit vraie ou qu’elle soit fausse, suffit à inscrire cet homme à part dans le monde de la délinquance de son temps. Un homme qui, par la distance qu’il impose, tout à la fois fascine, scandalise et angoisse. Un homme qui s’affirme écrivain, poète et chansonnier et qui fait de sa prison, in extremis, tandis qu’il écrit ses mémoires, une sorte de salon mondain.

Anne-Emmanuelle Demartini a écrit un ouvrage où elle se saisit avec ardeur et sagacité de « l’Affaire Lacenaire ». Professeure à l’Université Paris1-Panthéon-Sorbonne, spécialiste éminente de l’histoire des sensibilités, dans la ligne de son maître, le grand Alain Corbin, elle éclaire les ressorts et les composantes de l’imaginaire social qui vient se saisir d’un épisode sans pareil. Et d’un personnage qu’on désigne comme monstrueux du fait même de sa fascinante étrangeté.

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Concordance des temps