Les "soldats bleus de l'ombre " du Morbihan

16 Janvier 2011

Archives de presse 2010 - Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l'impulsion de leur chef, l'ensemble des gendarmes morbihannais a œuvré contre l'occupation nazie. Ce sont les « soldats bleus de l'ombre ».

Aujourd'hui, en fin d'après-midi, une cérémonie militaire se tiendra au sein de la caserne du Général-Guillaudot, à Vannes, à l'occasion de l'inauguration de l'exposition « Désobéir pour sauver, des policiers et des gendarmes français Justes parmi les nations ». Un événement concocté par l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). À l'origine de l'installation de ces 19 panneaux, qui investiront l'accueil du Palais des arts et des congrès, toujours à Vannes, dès demain, il y a Élisabeth et GérardGoldenberg, délégués régionaux du comité français pour Yad Vashem. C'est la première nommée qui avait contacté le colonel Michel Coat, commandant le groupement de gendarmerie du Morbihan, au mois de février.

Une «légitimité»

Justement, Michel Coat gardait dans un coin de sa tête le commentaire d'un quadragénaire lors d'une cérémonie commémorative, à Saint-Marcel. En voyant arriver le patron des gendarmes morbihannais, il avait eu ces mots: « Tiens, voilà les collabos! » . Sauf que la caserne qui accueille les militaires dans le centre-ville vannetais porte le nom du général Maurice Guillaudot, décédé en 1979. Le colonel Coat raconte:« Dans le département, 100% des 300 gendarmes, tout en restant à leur poste, ont basculé dans la Résistance sous son impulsion. Nous sommes légitimes ». Ils assureront des missions de parachutages et de renseignements.

19 gendarmes exécutés dont cinq à Gourin

Maurice Guillaudot venait de Rennes, où il commandait la compagnie d'Ille-et-Vilaine alors qu'il était chef d'escadron. « Pas assez zélé », selon sa hiérarchie, il avait été muté à Vannes dès juin 1941. C'est depuis cette ville qu'il «a pu répondre aux sollicitations de Londres», fournissant des informations sur les positions des soldats allemands. Il deviendra «Yodi», constituant le réseau « Action » du mouvement « La France combattante ». En tout, 19 gendarmes morbihannais, « convaincus d'actes de Résistance », furent exécutés. Dont cinq sur les six de la brigade de Gourin, le dernier ayant eu la vie sauve parce qu'il ne travaillait pas ce jour-là. Maurice Guillaudot, lui, fut dénoncé et interpellé en décembre 1943, puis transféré à la prison de Rennes. Malgré les tortures lors des interrogatoires, il ne dira rien. Six mois plus tard, il sera déporté dans le camp de Neuengamme. À son retour, il sera fait Compagnon de la Libération. Ce soir, deux témoins de l'époque, Guy Lenfant et RogerVinet, seront présents, ainsi que des représentants du deuxième bataillon des Forces françaises de l'intérieur (FFI) d'Auray.