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Portrait du jour : si je vous dis Hippolyte Salvignac, vous me dites Philippe Grandcoing, romancier et historien ?

 

Portrait du jour réactualisé - Culture et Justice reçoit avec infiniment de plaisir l'historien et romancier Philippe Grandcoing

Philippe est professeur agrégé d’Histoire en classes préparatoires au lycée Gay-Lussac, docteur en histoire contemporaine, spécialiste de l’histoire de la société limousine du XIXe et du XXe siècle.

Nous avons demandé à notre ami Jean-François Miniac, - écrivain , dessinateur, chroniqueur, scénariste, nouvelliste, documentariste - de réaliser l’interview de Philippe Grandcoing pour Culture et Justice.

Bienvenue Philippe sur le blog des “aficionados du crime”. Ph. P

https://www.facebook.com/hippolyte.salvignac.1

 

FM : Philippe Grandcoing, si je vous dis Frot, vous me dites Catherine ?

PG : Non, je vous dis Anthony, l'homme qui m'a mis le pied à l'étrier chez de Borée, d'abord avec les grandes affaires criminelles, il y a plus de 10 ans de cela et qui m'a encouragé à basculer vers la fiction. 

JFM :  Les grandes affaires criminelles ?

PG : Une série lancée par de Borée il y a une quinzaine d'années. Chaque département faisait l'objet de 25 à 30 récits d'affaires criminelles des XIXe et XXe siècles. Avec mon complice Vincent Brousse, nous avons couvert la Haute Vienne (2 volumes), le Lot (2 volumes), la Creuse et la Corrèze (un volume chacun).  

JFM : Vincent Brousse ?

Professeur agrégé à Limoges, Vincent Brousse a enseigné l'histoire au collège Louise-Michel de Saint-Junien. Avec l'historien Philippe Grandcoing il a publié huit volumes parus aux éditions De Borée dans la série des "Grandes affaires criminelles". Les co-auteurs reviennent sur des événements qui ont alimenté les journaux, débats politiques, rubriques faits-divers et chroniques judiciaires de différentes époques.

 

PG : Un ami et collègue. Nous nous connaissons depuis 25 ans. Vincent est plutôt spécialiste du XXe siècle. Aussi, lorsqu'Anthony m'a contacté pour écrire les Grandes affaires criminelles j'ai immédiatement pensé à lui. Nous nous sommes répartis les affaires à étudier en fonction de nos affinités respectives. Et cela nous a permis de partir en "opération commando" aux archives départementales du Lot pour engranger le maximum de documentation possible. Au total, nous avons rédigé plus de 250 récits, pour la plupart nourris de recherches dans les archives, notamment les dossiers d'instruction des cours d'assises qui sont de véritables mines et qui offrent souvent une plongée fascinante dans les tréfonds de l'âme humaine. 

JFM :  Haute-Vienne, Creuse, Corrèze ? Auriez-vous des attaches en Nouvelle-Aquitaine ?

PG : Natif de Limoges (Haute-Vienne) et une famille originaire du Sud-Ouest, ma mère étant issue d'une lignée de paysans et de porcelainiers de ce département, mon père étant né à Agen, d'un père périgourdin et d'une mère du Tarn et Garonne. Quand on remonte plus loin dans le temps, la branche paternelle s'enracine dans le Périgord et en Ariège. Donc, oui, je suis un homme du Sud-Ouest (mais je refuse le terme de néo-aquitain). 

JFM : Comment  l'enfant du Sud-Ouest vient-il à l'histoire ? 

PG : L'histoire, ce fut d'abord quelque chose de vécu au sein même de ma famille. Aller chez mes grands-parents, c'était en quelque sorte voyager dans le temps. Tous les mercredis, aller chez ma grand-mère, c'était côtoyer des bonnes sœurs en uniforme marron (elle habitait à côté d'un sanctuaire marial) et jouer dans le moulin de pâte à porcelaine de mon grand-père, un ancien moulin à farine, transformé au XIXe siècle pour les besoins de l'industrie locale. Et, bien sûr, c'était entendre, des uns et des autres, des récits qui pouvaient remonter jusqu'aux guerres napoléoniennes. 

JFM : Ce goût pour l'histoire irrigue ensuite vos études ?

PG : Oui, ce furent des études, d'abord à Limoges puis à la Sorbonne où j'ai eu une véritable révélation : j'aimais la recherche historique à laquelle m'a initié Alain Corbin qui fut mon directeur de maîtrise puis de thèse.

JFM :  Ah, et quels en étaient les objets ? 

PG : Mon mémoire de maîtrise portait sur une bande de délinquants qui sévissait aux confins du Limousin et du Périgord dans les années 1830 et dont le chef, un certain Burgou, était entré dans la légende. On avait fait de lui un Robin des bois local, alors qu'il s'agissait d'un voleur sans scrupule qui n'avait pas hésité à dénoncer ses complices pour échapper au bagne. 

JFM : La matière criminelle, déjà. Votre thèse est-elle aussi ancrée dans votre territoire ?

PG : Ma thèse a porté sur le phénomène du château au XIXe siècle en Haute-Vienne. Je voulais, à partir d'un corpus départemental, montrer comment l'époque avait réinventé le château après l'épisode révolutionnaire. Au delà de ça, c'était aussi un travail sur les élites, leur mode de vie et leur rapport à la campagne. 

JFM : Cet accomplissement universitaire vous conduit-il à l'enseignement ?

PG : Oui, logiquement. Durant sept ans j'ai alterné postes en lycée, en collège et à l'Université. Puis, à partir de 1999 (au siècle dernier comme j'aime à le dire), j'enseigne l'Histoire en classe préparatoire aux grandes écoles, ce que l'on appelle dans notre jargon hypokhâgne et khâgne, à Limoges. 

JFM : Simultanément, ce plaisir de la recherche historique antérieurement découvert vous anime toujours ?

PG : Oui, avec de nouvelles pistes de recherches au gré des rencontres, des découvertes : l'histoire de la race bovine limousine, la révolution de 1848 à Limoges, le métayage, les cimetières, la protection du patrimoine... Avec comme point commun la période allant des années 1800 aux années 1930. J'ai beaucoup aimé participer aussi à des aventures collectives. Cela oblige parfois à sortir de sa "zone de confort". Mais c'est toujours un plaisir de participer à des entreprises de dévoilement de zones ignorées ou méconnues de notre passé. 

JFM : C'est ce travail éditorial territorialisé qui est repéré en vue des GAC ?

PG : Oui, par Sylvain Larue, un auteur prolixe des Grandes affaires criminelles passé depuis à la fiction. Et c'est ainsi que j'ai mis le doigt dans l'engrenage et que je suis devenu multirécidiviste.

JFM : Parmi ces 250 affaires traitées, l'une d'elle vous a particulièrement marquée ?

PG :  Quelques-unes ont pu produire des sentiments proches de la sidération, tant on touche au plus sombre de l'humanité, aux frontières de la monstruosité. Je pense particulièrement à ce frère qui a tué sa sœur en 1856 à Blars dans le Lot. Celui-ci avait songé un temps entrer dans les ordres et ses premières paroles devant le juge d'instruction furent : "depuis longtemps, j'étais poussé par un désir ardent de manger de la chair humaine". Il avait prémédité son crime, creusant à l'avance sa tombe dans le sol d'une étable à brebis, tout en prenant soin, ensuite, de l'inhumer avec une page de prières arrachée d'un Missel, afin qu'elle ait une forme de sépulture chrétienne. 

JFM : Ensuite, vous vous focalisez sur la criminalité d'ordre politique ?

PG : Comme Anthony Frot aimait bien ce que nous faisions, il nous a confié la rédaction d'un ouvrage national à thème : les Grandes Affaires criminelles politiques  qui fut suivi des Nouvelles affaires criminelles politique . Nous avons défini un corpus assez vaste, allant de l'attentat contre une personnalité politique à l'affaire criminelle ayant eu des répercussions politiques du fait des circonstances, de la personnalité de la victime ou de l'accusé. Certaines périodes sont particulièrement riches : la Révolution Française, les années Trente, l'Occupation, la décolonisation. De façon générale, on constate que la démocratie, sauf les périodes de crise profonde, fait reculer la violence politique. Les périodes de changement de régime, de vide du pouvoir ou de paroxysme des antagonismes sociaux et politiques constituent à l'inverse des pics de violence.

JFM : Pensez-vous avoir apporté un éclairage particulier à l'une ou l'autre de ces affaires politiques ?

PG : Non, car la plupart de ces affaires avaient déjà fait l'objet de nombreux travaux. Mais je pense que nous avons fait découvrir à un large public des épisodes méconnus de l'histoire de France : je pense à l'attentat contre Dreyfus au cours de la panthéonisation de Zola, ou à l'assassinat de Lemaigre-Dubreuil, un industriel et patron de presse, favorable à l'indépendance du Maroc.

JFM : Belle affaire. Une opération des services extérieurs ?

PG : Il n'y a jamais eu de procès. Il est certain que ce sont les partisans du maintien du protectorat français au Maroc qui sont derrière l'attentat, notamment le groupe "Présence française" alors présidé par le docteur Georges Cause. Trois policiers français ont été désignés par un truand comme étant les exécutants du crime. Mais, en 1965, les trois hommes ainsi que Georges Causse ont bénéficié d'un non-lieu.

JFM : Au regard de l'orthodoxie de l'historien, comment l'agrégé Grandcoing envisage-t-il l'histoire narrative ?

PG : Je crois beaucoup à la force de l'histoire récit. Je ne veux pas dire qu'il faille revenir à Michelet et à l'histoire résurrectionniste qui faisait revivre le passé par la seule force des mots, quitte à inventer, imaginer lorsque l'on manquait de documents. Mais je pense, notamment sur un plan pédagogique, que l'on peut expliquer tout en racontant. Il faut trouver un point d'équilibre : à la fois "embarquer" le lecteur ou l'auditeur dans un récit mais aussi lui délivrer des éléments d'explication, d'analyse. L'intelligibilité du fait historique, tel est l'idéal vers lequel j'aimerais tendre. Cela suppose aussi d'assumer un certain parti-pris : on ne peut pas tout dire, tout expliquer, faire état de toutes les hypothèses, théories, avancées historiographiques, sinon le récit deviendrait incompréhensible. Mais il faut aussi conserver l'exigence de l'impartialité et de la vérité historique.

JFM : Pourquoi passer de cette histoire narrative à la fiction historique ?

PG : Ce fut d'abord un défi à relever. D'une certaine manière, c'est faire sauter le filet de protection : le récit doit tenir par sa propre force interne sans s'appuyer en permanence sur les faits historiques. Mais c'est aussi une expérience de la liberté. Les personnages, l'intrigue, évoluent librement, hors du carcan de la véracité historique, sans se soucier d'étayer le propos par des "preuves", des références, même si l'on doit conserver une cohérence historique et éviter l'anachronisme.,

JFM : La première de vos libertés, c'est Hippolyte Salvignac ? Qui est-il ?

PG : Un homme entre plusieurs monde ce qui est très pratique pour naviguer dans la France de la Belle Époque. Fils d'un notaire de Martel dans le Lot, il est "monté" à Paris pour faire des études en Sorbonne. Il a finalement renoncé à soutenir une thèse d'Histoire et a ouvert une boutique d'antiquités spécialisée dans l'objet religieux ou exotique passage du Grand-Cerf. Son activité professionnelle lui permet de côtoyer des avant-gardes esthétiques (intéressées par "l'art nègre"). Recruté par la police de Clemenceau, il va aussi découvrir les coulisses du pouvoir et le monde de la criminalité. 

JFM :  Et ce héros évolue en duo ?

PG : Oui, je l'ai immédiatement flanqué d'un policier, l'inspecteur Jules Lerouet de la police parisienne. Protégé par Clemenceau et Célestin Hennion, le chef de la Sûreté, il peut mener des enquêtes un peu "border line". Mon héros étant un novice, voire un naïf, il avait besoin d'un cicérone qui lui fasse découvrir les arcanes de la haute et basse police.

JFM : Une touche féminine anime ce duo... 

PG : Plusieurs touches féminines même. Salvignac n'a pas une vie sentimentale de tout repos. Il renoue avec un amour de jeunesse, mais qui reste un amour impossible; il est aussi l'amant d'une femme mariée (ce qui va le conduire à la prison de la Santé) et, pour finir, il va se mettre en ménage avec une artiste d'origine hongroise par sa mère. Quant à Lerouet, il partage la vie d'une ancienne prostituée. J'ai essayé à travers ces personnages féminins de brosser un tableau de la condition de la femme à la Belle Époque. Toutes subissent le patriarcat, mais elles réagissent chacune différemment à cette situation. 

JFM : Quelles raisons historiques ont présidé au choix de l'époque dans laquelle évolue votre héros fictionnel ?

PG : Je suis spécialiste de l'histoire du XIXe siècle, donc il était logique que je m'aventure au cœur de cette période. A titre personnel, j'aurais bien aimé placer les aventures de mes personnages dans les années 1815-1848 qui sont particulièrement riches sur le plan politique. C'est aussi le cœur de la France "balzacienne". Mais c'est aussi une période mal connue du public. Du coup, il y avait le risque d'être trop allusif ou au contraire trop lourdement pédagogique. D'où le choix de la Belle Époque, car elle "parle" davantage à l'imaginaire collectif. De plus, comme chaque roman a un lien avec l'art ou le patrimoine, cela permet de bénéficier d'un contexte historique particulièrement riche.

JFM : Dans l'élaboration de vos récits, comment s'articule la nécessaire assise documentaire et la part faite à l'imagination ?

PG : Je vais filer la métaphore théâtrale : les personnages fictifs (les premiers rôles) évoluent dans un décor historique et dialoguent avec des seconds rôles qui sont des personnages bien réels. Quant à l'action et aux dialogues, ils sont forgés de toute pièce, mais en respectant la cohérence qu'imposent décors et personnages secondaires.

JFM : Et cet  Hippolyte Salvignac, est-ce vous ? Si oui, en quoi ?

PG : On ne va se mentir, bien sûr qu'il y a un peu de moi. Non pas que je m'invente une autre vie avec ses aventures, mais je peux me reconnaître dans certains de ses traits.

JFM : Il écrit également...

PG : Oui, il est l'auteur d'un Quercy monumental, une sorte de dictionnaire historique et patrimonial de son départemental, comme il s'en publiait beaucoup à l'époque. Mais il n'a fait que mettre en forme les notes l'un autre.

JFM :  Vous prenez plaisir à la mise en abîme du rapport auteur à son microcosme ?

PG : Un peu. Hippolyte fait ses premiers pas dans le monde de l'édition et moi qui ai quelque expérience en ce domaine, je le guide un peu. Je lui fais connaître les affres de l'écriture, l'émotion de la première publication...

JFM ... " C'est un auteur enraciné"

PG : dans une contrée rurale même s'il est viscéralement un urbain, un goût certain pour l'histoire et le patrimoine, une curiosité qui le pousse à aller vers d'autres horizons tout en étant relativement conservateur dans ses goûts, une certaine nonchalance et, surtout, un véritable amateurisme. Non qu'il n'aille pas au fond des choses, bien au contraire, mais il ne se prend jamais trop au sérieux et n'envisage jamais de faire carrière, dans la police comme dans le monde de l'art.

JFM :  Et l'art à l'époque, c'est l'avènement de l'impressionnisme...

PG : L'impressionnisme est déjà bien installé. Dans les années 1900, il s'incarne dans deux "monuments" : Renoir et, surtout, Claude Monet, grand ami de Clemenceau. Désormais, l'heure est à la rupture radicale par rapport à la peinture figurative avec la jeune génération des Picasso, Derain, Matisse... Hippolyte Salvignac côtoiera les uns et les autres. En 1907, dans le Faubourg des diaboliques , il assiste à la naissance des demoiselles d'Avignon et en 1908, dans Tuer est un art , il mène l'enquête du côté de Giverny.

JFM :  Giverny, antre de Monet dont un proche tutoie le crime...

PG : En effet, par le plus grand des hasards, au moment même où je place mon intrigue (au printemps 1909, car je voulais qu'elle coïncide avec l'affaire Steinheil , aussi connue sous le nom du mystère de l'impasse Ronsin ) le beau-frère par alliance de Monet est retrouvé assassiné dans son hôtel particulier parisien. L'affaire sera à l'époque célèbre notamment parce qu'un des deux domestiques inculpé et condamné était homosexuel, ce qui a sûrement pesé lourd dans la balance, alors que les preuves de sa culpabilité étaient des plus ténues.

JFM : D'ailleurs, au delà de cette authentique affaire,  vous mêlez une série de crimes imaginaires qu'une intime de Monet dissimule aux autorités...

PG : Oui, c'est le fil rouge de Tuer est un art. Un premier cadavre découvert à Giverny, à deux pas du jardin de Claude Monet, va inciter Clemenceau à diligenter une enquête discrète, confiée à mon héros et à son inséparable complice, l'inspecteur de police Jules Lerouet. Et, bien sûr, d'autres meurtres vont suivre.

JFM : Dans cette enchevêtrement criminel, vous convoquez une figure récurrente, Clemenceau...

PG : Clemenceau est là depuis le premier roman.

JFM : Le premier Salvignac, Le tigre et les pilleurs de Dieu.

PG : Oui, Clemenceau qui vient d'être nommé président du Conseil cherche à démanteler un trafic d’œuvres d'art ayant pour origine des églises du Lot. On est en 1906 et il ne veut pas rallumer l'incendie de la loi de Séparation des Églises et de l’État. D'où le recours à mon duo d'enquêteurs en marge de la police officielle. 

JFM  : Quel rôle joue le futur Tigre dans votre deuxième Salvignac, situé en 1907 ?

PG  :  Dans Le Faubourg des diaboliques, Clemenceau est confronté à la crise des vignerons du Midi. Ici, c'est l'inspecteur Lerouet seul qui agit discrètement pour le compte du chef du gouvernement, jusqu'à jouer un rôle essentiel dans le dénouement de cette crise. 

JFM : Dans ce troisième roman, Clemenceau intervient par amitié envers Monet...

PG : C'est lui qui fait appel à Salvignac pour aider la police. Clemenceau est en quelque sorte la "clé" qui ouvre la porte du domaine policier et politique et à mon héros. De plus son amitié avec Monet justifiait qu'il fasse mener une enquête officieuse pour aider le peintre.

JFM : Apparait aussi l'auteur du gentleman-cambrioleur...

PG : Maurice Leblanc c'est la "clé" de la Normandie. Il mène Salvignac à la découverte de sa province natale. Mais il joue aussi les auxiliaires de police en l'aidant, volontairement et involontairement, à démêler l'écheveau de l'intrigue. C'était aussi pour moi l'occasion de montrer qu'il ne faut par réduire Maurice Leblanc au seul personnage d'Arsène Lupin. Leblanc et sa sœur Georgette, la compagne de Maeterlinck, appartenaient à l'avant-garde artistique de l'époque. 

JFM : Cette avant-garde dans laquelle baigne le marchand d'arts premiers Salvignac. Vous avez une tendresse particulière pour André Salmon...

PG : Oui, c'était un peu l'intello de la bande, touche à tout, dandy. Et qui sera aussi chroniqueur judiciaire à ses heures. On lui doit notamment un bel ouvrage sur l'affaire Barataud. Un double crime commis en 1928 à Limoges mettant en cause des bourgeois noceurs et un ancien combattant bisexuel. Une affaire passionnante !

JFM : 1906, 1907, 1908. Le prochain opus se déroule en 1909, 1910 à moins que vous ne vous interdisiez pas un retour en arrière ?

PG : J'ai un côté un peu maniaque, ou, du moins je me donne un cadre un peu contraignant pour écrire. A défaut d'une discipline intérieure.. Donc la série repose sur le principe : une aventure par année. Et si le public est au rendez-vous j'espère aller jusqu'à l'année 1914.

JFM :  L'un des règles de cette série, cette référence à ce Sud-Ouest élargi tel Fresselines pour Monet, est immuable ?

PG : Ce n'est pas une règle absolue. Dans le tome 4, on partira dans la Vienne de Klimt. Mais de par ses attaches familiales Salvignac revient souvent dans le Sud-Ouest, c'est vrai. Quant à Fresselines, c'était une occasion pour moi d'évoquer mon Limousin natal. Certains lecteurs s'étonnaient que je n'y fasse jamais allusion. 

 

 

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