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Portrait du jour : Dominique Segalen, Franc-maçon au sein de l’Ordre Maçonnique Mixte et International Le Droit Humain

 

Dessin baroque avec le glaive, provient du site d’images gratuites « Pixabay",

image modifiée par 

 

Réactualisation portrait du jour Dominique Segalen

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Dominique Segalen

Bienvenue  Dominique Segalen  sur le très discret et prisé Culture et justice

« … Dormir dans un atelier parmi les incunables, les fers à dorer, les cuirs odorants, l’or en feuilles, ne fréquenter que des adultes qui refont le monde ou s’endormir en écoutant piano et violoncelle en live, cela aiguise les sens et ouvre l’esprit… jusqu’à l’entrée en scène d’une ogresse affamée qu’à huit ans, je nommais « Crachée-guerre » et qui deviendra familière, avec son chaos, ses attentats, ses cadavres, sa mitraille en pleine rue et ses hélicos bananes qui larguaient du lacrymogène.

L’école fermée à cause des « événements », j’ai suivi ma mère qui enseignait encore aux Beaux-Arts, hors de la ville. Un lieu préservé pendant quelques mois, un havre de paix provisoire où j’ai fait mes classes à neuf ans en assistant aux cours de dessin, passagère clandestine d’un paquebot paisible et studieux … »

Graphiste et plasticienne, Dominique Segalen  est auteure de cinq romans parus aux Éditions Luce Wilquin, d’un ouvrage illustré et trois monographies sur l’Histoire du Droit Humain

Sa passion pour la reconstitution historique lui permet de mettre en lumière les personnages et événements ayant marqué la genèse et la création de l’Obédience du Droit Humain.

Merci Dominique pour ce portrait. Amitiés. Ph.P.

 

« Je suis née à Alger dans une famille d’artistes : un père caricaturiste qui m’a peu connue, une mère relieur-doreur qui, grâce à ses mains d’or, deviendra meilleur ouvrier de France.

Dormir dans un atelier parmi les incunables, les fers à dorer, les cuirs odorants, l’or en feuilles, ne fréquenter que des adultes qui refont le monde ou s’endormir en écoutant piano et violoncelle en live, cela aiguise les sens et ouvre l’esprit… jusqu’à l’entrée en scène d’une ogresse affamée qu’à huit ans, je nommais « Crachée-guerre » et qui deviendra familière, avec son chaos, ses attentats, ses cadavres, sa mitraille en pleine rue et ses hélicos bananes qui larguaient du lacrymogène.

L’école fermée à cause des « événements », j’ai suivi ma mère qui enseignait encore aux Beaux-Arts, hors de la ville. Un lieu préservé pendant quelques mois, un havre de paix provisoire où j’ai fait mes classes à neuf ans en assistant aux cours de dessin, passagère clandestine d’un paquebot paisible et studieux.

Mon préféré : le cours d’enluminure de Mohammed Racim. Discrète, j’observais sur la pointe des pieds les jardins luxuriants et les paysages merveilleux que peignaient de jeunes hommes avec la pointe extrême d’un pinceau, ajoutant ça et là un oiseau, un motif, une danseuse orientale, insérés comme en joaillerie dans une miniature multicolore de quelques centimètres carrés.

Nos virées au musée du Bardo, pour relever les motifs des carreaux de faïences aux arabesques mauresques et volutes entremêlées, ont été gravées dans ma mémoire et reprennent vie quand je le souhaite, il me suffit de fermer les yeux.

Le soir, nous retrouvions l’enfer du décor : perquisitions, attentats, assassinats, concerts de casseroles nocturnes et couvre-feu. Malgré une incrédulité croissante et un coeur d’oiseau affolé, je m’obstinais à ne pas perdre espoir en « l’Humain ».

A dix ans, j’ai pris l’avion pour la France. Seule. La famille me rejoindrait plus tard. J’étais hébergée à Nice par de vagues cousins germains ; leur froide indifférence m’a enseigné la débrouille, les prises de risques mesurés et le gare-à-soi.

En silence, je me forgeais un mental d’acier malgré l’arrachement d’un pays, d’une famille, d’une nounou kabyle dont je garde au cœur les paroles et les gestes aimants. Ma madeleine a l’odeur du henné.

Un bout de famille m’a rejoint, mère et grand-mère, le reste s’est dispersé. Tout était perdu, sauf l’essentiel : l’amour et l’humour. Nous nous sommes reconstruites.

Après un Bac lettres et un cursus de cinq ans à l’Ecole Pilote Internationale d’Art et de Recherche de Nice, après un retour à la terre en Aquitaine, lors duquel j’ai élevé des milliers d’abeilles avec le père de mes deux enfants, je suis redevenue designer graphique, entamant une nouvelle route en solo avec enfants et livres, ces amis qui vous tournent le dos mais sont toujours là quand vous avez besoin d’eux.

Cette nouvelle remise à zéro avec charge de famille impliquait un travail fou mais, en marge, j’ai brossé une série de dessins et de toiles en acrylique et techniques mixtes intitulées « Archéographies », dont l’une m’a valu un prix Marina Picasso.

L’écriture a pris le pas. Deux cent nouvelles (dont certaines éditées dans des revues) encombraient mes tiroirs depuis des années. Je suis passée aux romans. Cinq ont été publiés aux Éditions Luce Wilquin. Des fictions écrites après une sérieuse investigation (documents, archives, témoignages…) pour aborder quelques thèmes sensibles : familles recomposées, liberté d’expression muselée, albinisme, prostitution, fermeture des écluses manuelles sur les canaux de France :

« Cœur oxygène » (2004), « Le thé aux étoiles (2005) ; « Albus » (2006) ; « Au poisson qui fume » (2007) et « Attends-moi près des saules » (2011).

Devenue Franc-maçon au sein de l’Ordre Maçonnique Mixte et International Le Droit Humain, j’avais dans l’idée d’accomplir une tache utile.

J’ai découvert la fabuleuse Histoire de Maria Deraismes, Georges Martin et de leurs amis des deux sexes qui luttaient pour défendre les droits des femmes, leur courage, leur audace et ce qu’ils ont accompli ensemble sous la IIIe République.

Au sein de la Commission de l’Histoire de la Fédération française, utilisant la technique d’investigation employée dans mes romans, j’ai entrepris un lourd travail de reconstitution historique de l’Ordre entre 1866 et 1916, matérialisé dans un ouvrage illustré :

« Genèse et fondation de l’Ordre Maçonnique Mixte et International le Droit Humain », publié aux Éditions Detrad en 2016, qui a reçu chttps://criminocorpus.hypotheses.org/67500ette année-là le Prix de l’Institut Maçonnique de France, catégorie Histoire.

Parallèlement à cet ouvrage central, ont été publiées trois monographies très documentées de personnalités ayant participé à la gestation de l’Ordre et aux premiers pas de la première Loge mixte parisienne. Des femmes célèbres à l’époque, mais aujourd’hui méconnues :

« Marie Béquet de Vienne, une vie pour l’enfance  », Conform Edition, 2013.

« Maria Pognon, une frondeuse à la tribune », Éd. Detrad, 2015.

« Marie Bonnevial, communarde et syndicaliste », Éd. Detrad, 2018.

La monographie de la scientifique Clémence Royer est

en cours d’écriture. D’autres monographies suivront. Également un tome deux, illustré comme le premier, qui retracera la période de l’entre-deux-guerres (1916-1946).

L’ensemble de ces ouvrages propose divers angles de vue sur ce groupe de personnages exceptionnels qui représentaient à l’époque les piliers du mouvement féministe réformateur du XIXe siècle, dont Maria Deraismes était le chef de file.

C’est un travail de longue haleine, qui a pour but d’éclaircir les raisons de la fondation du Droit Humain et l’origine de ses spécificités, mettant en lumière les personnalités exceptionnelles et la force d’engagement de ces hommes et ces femmes qui vivaient là leur première aventure citoyenne en mixité.

Mon parcours étant finalement une histoire de femmes, il n’est pas étonnant que j’en écrive à mon tour. »

 

 

Culture et justice des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice... mais pas que ... Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... 

Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

https://www.facebook.com/pageculturejustice

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Relecture et mise en page Ph. P et S.P.

 

Tag(s) : #portrait du jour criminocorpus
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