A l’abattoir d’Ovide Blondel - Chronique de Sylvie Poisson

A l’abattoir d’Ovide Blondel

"Que voilà un roman bien déroutant. Une vie ordinaire ni motivante ni satisfaisante, Steve collectionneur d’affiches de cinéma est ouvrier dans un abattoir pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa fille. Traumatisé crânien suite à un accident de la voie publique, il devient « acteur de sa propre vie ». Pour se ressourcer, Steve passe ses week-ends dans la nature. Rattrapé malgré lui par la violence des êtres humains et sous l’emprise de ses pulsions alimentaire, alcoolique et sexuelle, il plonge progressivement dans le crime facile . Prisonnier de son cerveau qui lui dicte sa conduite, il suit sa voix intérieure qui l’incite à réaliser un vrai crime .. Le crime parfait et la sensation que tuer peut être facile le font glisser inexorablement vers l’horreur. Il n’aura pas de limite et ira jusqu’à l’inimaginable.

Ovide Blondel signe avec « A l’abattoir » son premier roman noir. Nous y entrons progressivement en nous demandant ce qui va dérailler. L’ambiance de l’abattoir nous plonge dans le quotidien, très violent de Steve, à coup de phrases courtes comme taillées dans la masse, tel un sculpteur. Mais l’air de rien, l’auteur nous entraîne dans l’univers de ce tueur en série, insoupçonnable, qui trouve sa jouissance dans le crime. Surpris par le déroulé de l’action, le lecteur se laisse embarquer par ce personnage hors du commun. Un moment en empathie avec Steve, une issue positive est attendue car Steve pourrait sortir de son engrenage morbide mais il n’écoute que sa petite voix intérieure. L’issue nous laisse interloqué tant elle est inattendue ...violente.

Sommes nous en présence d’un fou ou d’un être dépendant des séquelles d’un traumatisme crânien. Ces malades d’apparence « normale » qui finalement nous révèlent leur orage cérébral par la violence de leurs actes criminels. L’auteur a su trouver une ouverture narrative originale pour aborder sans complaisance ce sujet encore méconnu du grand public." S.P.