"Écrire pour tromper la mort" et "Ainsi écrivaient les fantômes"

Ces mots, les derniers, ils ont été jetés par la lucarne d’un wagon à bestiaux, d’un train de la mort, laissés dans le baraquement d’un camp, d’un lieu de regroupement ou d’internement, donnés dans la précipitation et la confusion des rafles et des arrestations à un inconnu, un policier, un cheminot, un facteur, un visiteur de la Croix Rouge ou à un simple passant…

Ces mots clandestins et ces lettres souvent soumises à la censure sont autant de reflets d’une angoisse confuse et d’une peur ineffable. On y donne des nouvelles ou on y fait des adieux, on y prodigue les dernières consignes dans des écritures douces et bienveillantes, aux mots rassurants, plein d’affection, d’amour et de prières. Ces derniers mots, ceux d’un père, d’une mère ou d’un enfant sont autant de traces de la joie, de la haine et de l’infinie misère des Hommes. Ils sont comme les cimetières, de millions de rêves et d’espoirs détruits. Des tonnes de papier arrivées comme par miracle à leurs destinataires et qui ont traversé le temps. Le support a jauni tandis que l’encre s’est effacée ici ou là. Mais, ces mots et ces lettres qui ont survécus, sont les témoins d’une humanité qui ne s’est jamais dédite.

Pour en parler

• Lior Lalieu, chef du service photothèque au Centre de documentation du mémorial de la Shoah.

• Karen Taieb, responsable des archives du Mémorial de la Shoah.

• Annette Wieviorka, historienne de la Shoah et des juifs en France au 20ème siècle.

• Tal Bruttmann, historien de la Shoah et de l’antisémitisme.

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Une histoire particulière