Les sept croix de Plélan par Fatima de Castro - Fait divers criminel ancien

Une rubrique animée par Fatima de Castro  pour Culture et justice

Idée : Un doute raisonnable ?

Argumentaire : présenter mensuellement un fait-divers criminel ancien qui a laissé les contemporains dubitatifs. Soit que l’affaire n’ait jamais abouti ; soit qu’elle ait connu des remises en question tout au long de son déroulement ; soit qu’elle présente des étrangetés permettant par exemple d’opter pour l’accident ou la mort volontaire. Dans tous les cas, le doute doit nimber l’affaire.

But : donner les éléments à l’internaute pour qu’il se fasse sa propre idée et intervienne en donnant son point de vue s’il le souhaite.

Les sept croix de Plélan 

(© cartorum.fr)

Le pays gallo tend ses bras vers la mer, hésitant entre l’élément liquide et la terre bretonne. Le vent marin souffle quelques histoires intéressantes venues du fond des âges. Passé Dinan, dans les Côtes-d’Armor, un goéland vole au-dessus d’un étrange monument lithique : sept croix dressées dans la campagne aux portes de Plélan-le-Petit.

Selon la tradition, ces croix représenteraient les sept saints fondateurs de la Bretagne chrétienne : Malo, Samson, Brieuc, Tugdual, Pol-Aurélien, Corentin, Paterne. Chacun est à l’origine d’un évêché, arrivé entre autre depuis l’île de Bretagne, sur la terre celtique de France parfois par des moyens qui fleurent bon le miracle. Que dire des ces bateaux taillés dans le granit qui servirent à traverser la Manche ? Dans ce très haut Moyen-âge qui vivait avec diables et anges, rien n’était impossible.

Cependant, le goéland passant par là raconte une histoire beaucoup moins catholique. Une affaire bien plus sombre serait à l’origine de l’érection de ces croix, à la fin du 18^e siècle, période bien tragique dans l’histoire, baignant dans le sang, plongeant de sombres racines dans des crimes plus ou moins officiels. Aux uns la guillotine résultant de pseudo-procès ; aux autres les règlements de compte entre gens de mauvaise volonté.

Ces croix ont été dressées à cet emplacement vers 1793-1795. Autrefois, ce lieu occupé par la lande - que nous savons particulièrement appréciée des korrigans, ces lutins facétieux qui n’ont rien de commun avec ceux du Père Noël que tous attendent avec impatience -, ce lieu donc abritait une masure dans laquelle vivait une famille de sept personnes. D’après les registres paroissiaux, et sans autre explication, tous les membres de cette famille furent assassinés le soir de Noël… Les croix auraient pour but de perpétuer le souvenir de ce tragique événement. Quel doute nimbe cette affaire ? Le plus complet à démêler : qui ? Pour quel motif ? Pourquoi à Noël ? Pourquoi toute la famille ? Avis aux enquêteurs passionnés de « cold cases » et très belles fêtes de fin d’année à tous, que je vous souhaite beaucoup plus joyeuses et épanouissantes que la dernière vécue par cette famille bretonne…

Fatima DE CASTRO

Décembre 2022

Sources : base Mérimée du Ministère de la Culture, notice PA00089404

Relecture et mise en page  Ph.P 

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